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12 août 2012 7 12 /08 /août /2012 10:11
Que célébrons-nous le 7 août 2012 ?


Depuis l’installation au pouvoir d’Alassane Dramane Ouattara, la France contrôle désormais la Côte d’Ivoire au double plan politique et économique. Le nouveau chef d’Etat ivoirien est entouré de conseillers français bombardés là par l’ex-Président français, Nicolas Sarkozy, ami et parrain de M. Ouattara. Parmi ces conseillers, il y a le général Réglat, un général 4 étoiles, qui joue le rôle du vrai ministre de la Défense du gouvernement Ouattara. L’autre Français Philippe Serey-Eiffel, patron du pool des conseillers spéciaux au Palais présidentiel, est ce qu’était Jacques Foccart, « Monsieur Afrique » du IMG 0045général De Gaulle, pour Houphouët-Boigny à partir de 1960. C’est-à-dire une sorte d’éminence crise qui régente tout. Serey-Eiffel est même plus puissant que le Premier ministre de Côte d’Ivoire. D’où ses relations heurtées avec Guillaume Soro quand celui-ci était à la Primature. Philippe Serey-Eiffel passe aussi pour être le véritable ministre de l’Economie et des Finances du régime Ouattara. Au plan politique, jusqu’à la chute de Nicolas Sarkozy, c’était encore l’Elysée, a-t-on appris, qui donnait les ordres à Abidjan. On ne sait pas si sous François Hollande, quelque chose pourra changer. Parce qu’aux côtés de l’actuel président français, il y a Laurent Fabius, un Françafricain de la vieille école qui soutient Alassane Ouattara. Il se raconte même que Sarkozy, avant sa chute, aurait donné son accord pour le dernier remaniement ministériel qui a porté Jeannot Ahoussou-Kouadio à la tête du gouvernement. La France de Sarkozy s’était réjouie d’avoir renversé Laurent Gbagbo. Elle affirmait, en avril 2011, avoir retrouvé ses relations traditionnelles avec la Côte d’Ivoire avec la chute du président Laurent Gbagbo en qui cette France-là trouvait des visées indépendantistes. C’est pourquoi on comprend que Jacques Chirac a soutenu la rébellion armée en Côte d’Ivoire. Qui ne se souvient pas que c’est bien Jacques Chirac qui a parrainé, via son « Monsieur Afrique », Michel de Bonnecorse, la création du Rhdp à Paris. L’homme était prêt à tout pour voir Laurent Gbagbo disparaître de la scène politique ivoirienne. Gbagbo qui refusait d’être téléguidé par l’ancienne puissance coloniale. Les armes ont eu raison de lui et la communauté internationale a installé son pion à la tête de la Côte d’Ivoire. Aujourd’hui, c’est l’Onuci, une armée étrangère, qui assure la sécurité du chef de l’Etat ivoirien. Son patron Bert koenders, le représentant spécial du secrétaire général de l’Onu, est quasiment assimilé par certains observateurs à un vice-Président de la Côte d’Ivoire. Dans ces conditions, l’indépendance devient un vain mot pour la Côte d’Ivoire. Qui est devenue un pays sous tutelle de la France et de la communauté internationale. Alors que célébreront les Ivoiriens, le 7 août 2012 ? Peut-être la recolonisation, mais pas l’indépendance.

Robert Krassault
(Source : Notre Voie 4, 5 & 6 août 2012)


EN MARAUDE DANS LE WEB

Sous cette rubrique, nous vous proposons des documents de provenances diverses et qui ne seront pas nécessairement à l'unisson avec notre ligne éditoriale, pourvu qu'ils soient en rapport avec l'actualité ou l'histoire de la Côte d'Ivoire et des Ivoiriens et que, par leur contenu informatif, ils soient de nature à faciliter la compréhension des causes, des mécanismes et des enjeux de la «crise ivoirienne ».

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12 août 2012 7 12 /08 /août /2012 09:56
Le 20 juillet 2012, à Duékoué, prenant prétexte d’un braquage perpétré par des bandits dans le quartier Kokoma, les populations Malinké soupçonnant les bandits de provenir du camp de Nahibly et soutenues par les Frci vont incendier ce camp causant officiellement 13 morts parmi les populations Wè réfugiées dans ce camp. Toutefois, de nombreuses autres sources sur le terrain font état de 200 morts et des nombreuses disparitions.
Précédemment, le 12 juillet 2011 à Arrah, les populations autochtones excédées par les nombreuses exactions des Frci se soulèvent contre ceux-ci. Les populations du Nord se joignent aux Frci et attaquent les autochtones causant la mort d’environs 5 personnes.
Les exemples sont légion, à Anonkoua Kouté, Vavoua, Bonoua, Lakota, Sikensi, Dabou, Abengourou pour ne citer que ces cas connus et médiatisés. Mais partout des exactions sont quotidiennement perpétrées par des milices tribales (Dozos et supplétifs Frci) contre les communautés autochtones en complicité parfois avec les populations malinkés originaires du Nord installées dans ces régions.
Par ailleurs, l’on observe que le Nord de la Côte d’Ivoire est devenu la zone d’incarcération par excellence des prisonniers politiques. Après le Président Gbagbo incarcéré à Korhogo avant son transfèrement à la Haye, de nombreuses personnalités politiques de Lmp et des militaires sont emprisonnées au Nord dans notre région : Simone Gbagbo à Odienné, Affi N’Guessan à Bouna, Aboudramane Sangaré et bien d’autres à Katiola et Boundiali.
Enfin, Le président Ouattara pratique depuis sa prise de pouvoir une politique outrancière de rattrapage ethnique qui se traduit dans les faits par la nomination des nordistes dans les postes-clés de l’administration et de l’armée au détriment des autres communautés, par l’expropriation des terres à l’Ouest au profit des populations du Nord et des étrangers Burkinabé principalement et par un découpage électoral totalement partisan au profit du Nord dénonce même par son allie du Pdci.

Notre analyse

Nous, jeunes leaders du Nord en exil observons que depuis l’accession au pouvoir du Président Ouattara, les tensions interethniques sont sans précédents dans le pays et la cohésion sociale est fortement entamée.
Nous constatons aussi que c’est la première fois dans l’histoire de notre jeune nation que des Ivoiriens sont soit refugiés dans leur propre pays (dans des camps et dans les forêts à l’Ouest du pays) soit en exil en si grand nombre dans d’autres pays. Nous constatons enfin que c’est aussi la première fois qu’une communauté prédomine tant dans tous les aspects de la vie politique, économique et sociale au détriment des autres dans un pays où cohabitent une mosaïque d’ethnies. Et tout cela sous la gouvernance Ouattara.
Ainsi, après avoir instrumentalisé le Nord pour conquérir le pouvoir d’Etat, Alassane Ouattara utilise notre communauté comme bouclier dans sa politique de terreur pour satisfaire les intérêts économiques de ses maîtres Occidentaux et des étrangers. Le Nord n’est donc pas en réalité bénéficiaire de cette politique. En effet, depuis qu’il a été 1er ministre puis Président de la République, aucun acte de développement visible n’a jamais été posé dans le Nord par M. Ouattara. La seule chose que le Président Ouattara a réussie avec brio, c’est d’opposer le Nord aux autres régions du pays.

Notre position

Face à ces graves dérives et à cette politique ethno-régionale qui met en péril la cohésion sociale et l’unité nationale, il est temps, grand temps de réagir. C’est pourquoi, nous, jeunes leaders du Nord en exil :
1. condamnons fermement et vigoureusement la politique ethno-tribale et génocidaire du régime Ouattara
2. interpellons vivement nos parents et frères sur les dangers que font courir les agissements du Président Ouattara sur notre communauté :
Chers parents, ne nous rendons pas complices de la politique «d’aseptisation et de nettoyage» prônée par Amadou Soumahoro, secrétaire général du Rdr, contre les populations qui nous accueillent dans leur région sur leurs terres et avec qui nous avons toujours entretenu des relations harmonieuses de fraternité et de paix depuis plusieurs décennies.
Chers parents, rappelons-nous que les hommes passent mais les institutions demeurent. Qu’adviendra-t-il demain si Ouattara n’est plus au pouvoir ? Quelle pourrait être la réaction des autres groupes ethniques brimés, persécutés qui se terrent et se réfugient dans leur propre pays en ce moment ? En quoi être un pro-Gbagbo est-il un crime ? Comment nous, populations du nord, pourrions regarder les autres en face ? Pourquoi est-ce que c’est le Nord qui accueille dans ses prisons les responsables politiques de Lmp et les militaires ?
Chers parents, l’histoire ne doit pas retenir que c’est sous le règne d’un nordiste que la Côte d’Ivoire a basculé dans la fracture sociale et la guerre civile. Le malheur de la Côte d’Ivoire ne doit pas venir du Nord.
3. Enfin, nous, jeunes leaders du Nord en exil, interpellons la communauté internationale qui a soutenu M. Ouattara dans sa conquête du pouvoir sur les graves dangers qu’il fait courir à la Côte d’Ivoire et à la sous-région. En effet, sous vos yeux et dans votre silence coupable se créent par cette politique dangereuse, les germes et les conditions d’une guerre comme au Rwanda en 1994 entre Tutsis et Hutus.
Soucieux de la préservation de la cohésion nationale et du développement de notre région dans une Côte d’Ivoire une et indivisible, nous lançons un vaste appel au Rassemblement de tous les fils et filles du Nord.
Chers Parents, cultivons donc avec nos frères des autres régions des relations de fraternité et d’amour pour une nation forte qui préserve durablement la paix et la sécurité pour l’ensemble des communautés sans exclusive et méditons ensemble cette poignante interpellation du M. Charles Konan Banny, Président de la Cdvr : « aucune victoire par la force ne peut être tenue pour définitive, car le vaincu d’aujourd’hui fourbira ses armes dans l’espoir de devenir le vainqueur de demain. Et c’est ainsi que s’installe l’escalade ».
Ensemble, sauvons le Nord et les nordistes !

Fait en exil le 1er août 2012
Signataires :
• Idriss Ouattara, président des Agoras et parlements de Côte d’Ivoire (Bouna)
• Moussa Zeguen Touré, Coalition nationale des résistants de Côte d’Ivoire (Touba)
• Abdallah Coulibaly, Alliance des jeunes patriotes (Korhogo)
• Yousssouf Fofana, président de la Voix du Nord (Séguéla)
Contact: sursautnord@gmail.com

source : CIVOX. NET 7 Août 2012

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10 août 2012 5 10 /08 /août /2012 23:11
« (…) la sortie du Secrétaire général du Pdci-Rda apparaît inopportune et inconvenante, d’autant plus qu’elle a été faite sans que le Premier Ministre issu des rangs du Pdci-Rda, n’ait été consulté pour échanger sur des questions aussi délicates qui engagent le Gouvernement. En effet, le Pdci-Rda ne peut être, à la fois, acteur de l’action gouvernementale et contradicteur public de l’action de ce même gouvernement, sans courir le risque majeur de le fragiliser ». Ces propos qui cachent mal l’ampleur de la crise qui mine le Pdci-Rda, parti créé par feu Houphouët-Boigny en 1946 et dirigé par Konan Bédié, depuis 1994, émanent d’un communiqué public inédit, daté du 6 août dernier, fait par le Premier ministre, Jeannot Ahoussou-Kouadio. Qui répondait ainsi, sans s’embarrasser de fioritures, au Secrétaire général du Pdci-Rda, Alphonse Djédjé Mady. Dont la déclaration rendue publique, le 3 août 2012, sur la gouvernance Ouattara, en matière de sécurité et de cohésion sociale, était sans appel. « Le Secrétaire Général du Pdci-Rda note que cette situation de violences endémiques entretient un climat d’insécurité généralisée d’autant plus préoccupante qu’elle constitue une grave menace sur la coexistence pacifique des communautés et sur la stabilité voire sur la survie de la nation », mentionne Djédjé Mady au nom du Pdci-Rda. La réaction vigoureuse de M. Ahoussou-Kouadio démontre deux réalités inéluctables. D’une part, que le Pdci-rda traverse une grave crise sans précédent s’il n’est pas déjà au bord de l’implosion. D’autre part, que le RHDP, mouvement politique artificiel et hétéroclite, portait, depuis fort  longtemps, les contradictions endogènes de son autodestruction. Le ver était dans le fruit, depuis la germination.

Premier ministre du régime Ouattara, au nom de l’alliance morganatique Bédié-Ouattara au sein du Rhdp, Jeannot Ahoussou-Kouadio constitue actuellement un véritable poids lourd du Pdci-Rda. En sa qualité de Secrétaire général du Pdci et président du directoire du Rhdp, Djédjé Mady demeure une force au sein du vieux parti. Il s’agit donc de la guerre de deux grands et longs couteaux. Qui cache difficilement celle opposant les pro-Ouattara (dont Ahoussou-Kouadio serait le chef de file) et les anti-Ouattara (parmi lesquels, on compterait comme poids lourds Djédjé Mady, Gnamien N’Goran, etc.). Les uns voudraient qu’Alassane Ouattara rempile en 2015 sous la bannière de candidat unique du Rhdp. Les autres qui s’opposent à la mort du Pdci-Rda, n’y souscrivent pas. Et militent ouvertement pour une candidature du Pdci aux prochaines élections présidentielles. Ce qui voudrait dire haro sur le parti unifié sans pour autant renier le Rhdp.

La sortie de Djédjé Mady est donc perçue, par le camp adverse incarné par le Premier ministre, comme une flèche enflammée dans le champ opposé. D’où la réaction du berger à la bergère.

Cette guerre au sein du Pdci-Rda autour d’Alassane Ouattara n’est pas surprenante. D’autant qu’avec l’arrivée au pouvoir, en 2007, de Nicolas Sarkozy, ami de Ouattara, le mouvement anti-Gbagbo suscité par la droite française, le Rhdp, est devenu résolument pro-Ouattara. Le leader du Rdr était aux manettes et celui du Pdci-Rda, Henri Konan Bédié, relégué au second rang. Les autres partis membres du Rhdp, totalement écrasés. Une situation qui a suscité des rancœurs au sein du Rhdp. Ouattara parvenu au pouvoir dans les conditions que l’on sait, le Rhdp poursuit sa descente aux enfers. Les élections législatives du 11 décembre 2011 tenues entre fraudes et violences en constituent une preuve éloquente. L’épineuse question du foncier rural et les futures élections générales donneront assurément une autre preuve de la fragilité du Rhdp. (…).

Didier Depry
Source : Notre Voie 09 août 2012
(Titre original : La guerre des longs couteaux)
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26 juillet 2012 4 26 /07 /juillet /2012 11:14

« Des gens ont été amenés dans nos régions avec des consignes précises et ils se sont installés »

 Dozos

 

Guéré natif de Duékoué, député indépendant, vice-président de l’Assemblée nationale, Privat Oula revient de Duékoué où il a touché du doigt la principale (et, très probablement, mortelle) contradiction de ce régime. Dans cette interview quelque peu embarrassée, se révèlent à la fois les vrais enjeux de la situation actuelle dans l’Ouest et l’inanité des appels ouattaristes à la réconciliation.

Marcel Amondji

 

Vous venez de Duékoué. Qu’avez-vous vu à Duékoué, qu’est ce qui s’est réellement passé à Duékoué ?

Une fois de plus, je profite de votre journal pour présenter d’abord mes condoléances à toutes les victimes, aux parents qui ont perdu un être cher et à ceux des disparus. Condoléances à mes parents Malinké, Guéré, à tous ceux qui y ont perdu un parent, un ami ou une quelconque connaissance. De Duékoué, j’en reviens le cœur meurtri. Lorsque nous avons été informés, toute activité cessante, nous nous y sommes rendus pour voir, écouter et surtout apporter un message de consolation, d’apaisement et préparer les cœurs au pardon et à la réconciliation.

 

Qu’est ce que vous avez vu sur place ?

Ce que j’ai vu, c’est que le camp de Nahibly n’existe plus aujourd’hui, que le petit marché qui était devant la Mission catholique, et l’autre site voisin n’existent plus. J’ai constaté, également, qu’il y a eu des morts et qu’il y a plus de 40 blessés qui sont à l’hôpital de Duékoué. Et que la population de Duékoué est aujourd’hui dans l’amertume.

 

(…)

 

Il se trouve aussi que, très souvent, ces attaques arrivent à l’approche de rendez vous politiques importants. Et ces meurtres à Duékoué sont souvenus au moment où des événements politiques sont en attente. Ne pensez vous pas qu’il puisse s’agir d’une manipulation politique ?

Je n’exclus rien aujourd’hui. Cependant, mon devoir de député de la nation, c’est de rassurer mes parents qui habitent sur le sol de Duékoué. Je tiens à noter une chose : il est vrai que à Duékoué, il y a des voyous et qu’il y a des problèmes politiques, mais il y a aussi que, depuis des années, une politique d’occupation a été appliquée à Duékoué, à Bangolo, à Taï, à Guiglo ou à Bloléquin.

 

Qu’entendez vous par politique d’occupation ?

Cela veut dire que des gens ont été amenés dans nos régions avec des consignes précises et ils se sont installés. Certains ont fait des efforts d’intégration, d’autres, non.

 

S’agit il d’allogènes ou des non Ivoiriens ?

Il faut voir cela de façon globale, en parlant de tous ceux qui sont venus d’ailleurs. Aujourd’hui même, les forêts dites classées n’existent plus. C’est dire que, même le Wê n’a plus de place. Car, ce qui était possible hier ne l’est plus aujourd’hui. Pour résoudre ce problème, il faut arrêter la politique d’occupation. Il faut aller à la politique d’intégration et de brassage, d’écoute réciproque. Je connais de gens du nord qui ont construit Duékoué. Je connais même des Burkinabè dont on parle tant, nous avons grandi avec ces Burkinabè qui ont contribué au développement de nos régions, de la Côte d’Ivoire et avec qui, nous avons vécu en bonne intelligence ! Seulement, ces dernières années, ceux qui viennent, viennent avec un esprit d’occupation et non pas avec un esprit d’intégration. Ils ne respectent pas nos chefs, pourtant chez eux, ils respectent les leurs. Ce que nous avons de sacré dans nos coutumes est, aujourd’hui, bafoué. Il faut recentrer les choses.

 

Est ce que recentrer les choses, ce n’est pas aussi demander à un parti comme le Fpi de contribuer à cette réconciliation ? N’avez vous pas l’impression que le langage guerrier que le Fpi tient à Abidjan déteint sur le comportement des jeunes à l’Ouest ?

Je ne veux pas porter de jugement de valeur sur le comportement ou le message du Fpi. C’est un parti organisé, reconnu, qui fonctionne, que je respecte et qui mène ses activités. Si on trouve que le Fpi dérape, il y a des autorités compétentes pour le constater. Ce n’est pas cela mon problème.

 

Mais quand ses dirigeants parlent de chasse aux sorcières à l’Ouest ? Vous ne pensez pas que cela peut contribuer à envenimer la situation ?

Non, je pense que nous avons nos problèmes. Le Fpi n’est pas aujourd‘hui au pouvoir, il est presque décapité. Le Fpi a d’autres contraintes aujourd’hui. Quand on est au pouvoir, qu’on gouverne, il faut prévoir et trouver des solutions. Et nous, ce qui aujourd’hui nous intéresse, c’est de trouver des solutions pour nos populations. Sans vouloir rentrer dans des conflits de personnes, je dis que nous avons des problèmes à Duékoué. A savoir que depuis un certain temps, le tissu social fraternel a pris un coup. Je voudrais que nous puissions revenir à nos valeurs qui ont fait la fierté de Duékoué, à cet amour entre Sénoufo, Baoulé, Guéré.

 

Qu’est ce que vous qui avez parcouru récemment la région, proposez, en termes de solution pratique pour réaliser ce retour à la cohésion ?

Je pense d’abord qu’il y a des brebis galeuses dans chaque ethnie. Autant il y en a chez les Guéré, autant il y en a chez les Dioula, ou chez les Baoulé, les Malinké. Le plus important, c’est de nous retrouver pour voir comment nous allons vivre en commun.

 

« Nous », c’est qui ?

Nous, c’est nous les élus, les députés, les cadres, les fils de la région. Car, de la même manière, la femme, Baoulé, Malinké, Sénoufo, souffre pour mettre son enfant au monde au bout de neuf mois, c’est de cette même manière que la femme Guéré souffre. Nous sommes donc des frères et des sœurs. A mes parents, je répète aussi souvent que quand ton fils n’a pas gagné à la Lonaci, qu’il n’est pas opérateur économique ni hommes d’affaires, qu’il ne travaille pas et qu’il rentre à la maison le soir avec une forte somme d’argent ou des articles d’une valeur inestimable, toi le père ou la mère digne, tu poses la question à ton fils : où as-tu eu cet argent ? Car, cet argent ou ce matériel, c’est le fruit des braquages, des tueries ! Chacun doit éduquer son enfant. Aujourd’hui, un simple braquage a conduit à des tueries à Duékoué. Nous aujourd’hui, nous sommes condamnés à vivre ensemble. Nos frères Burkinabé, qui sont arrivés et qui veulent participer au développement, sont les bienvenus chez nous. Un chef burkinabè nous a fait cette confidence récemment. Il nous a dit : « Nos frères qui arrivent maintenant, nous-mêmes, nous n’arrivons pas à les contrôler. Voilà pourquoi il y a des conflits entre eux et nous ».

 

On a parlé aussi des dozo.

J’ai été heureux d’entendre le général Soumaïla Bakayoko dire qu’il a demandé que tous les barrages tenus par des dozo soient démantelés et que la gendarmerie, la police et les militaires feront leur travail. Je fais cependant attention au phénomène des dozo qui sont une confrérie bien organisée. Mais ces derniers temps, tout le monde est devenu dozo. Et sous le couvert des Dozo, beaucoup de choses peuvent arriver. Des jeunes, que nous avons rencontrés, qui n’étaient pas Malinké, qui étaient Guéré ou d’autres ethnies et quand nous leur avons posé la question de savoir pourquoi ils sont devenus des dozo, nous ont répondu ceci : « Puisque les Dozo sont autorisés à avoir des armes pour circuler, la seule façon de se protéger, c’est donc d’être dozo aussi. Quand tu es dozo, tu peux avoir ton arme, la porter. Les gendarmes ne t’emmerdent pas. Donc nous sommes devenus nous également des dozo ». C’est pourquoi, il est dans l’intérêt des Dozo eux-mêmes que l’Etat mette un peu en veilleuse leur activité dans cette région où il y a aujourd’hui beaucoup de confusion.

 

(…)

 

Interview réalisée par Benoit Hili (Source : Le Nouveau Réveil 24 juillet 2012)

 

 

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21 juillet 2012 6 21 /07 /juillet /2012 17:15

 

Une interview de Marthe Ago, secrétaire générale par intérim du Congrès national de la résistance pour la démocratie (Cnrd).  

  Marthe-Ago.gif 

Depuis la réorganisation du Cnrd qui a fait de vous la secrétaire générale par intérim, on ne vous a pas beaucoup entendue. Que faites-vous ?

 

J’ai d’abord essayé de faire l’état des lieux du Cnrd. Je devais le faire parce que je dirige l’organe exécutif. C’est pour cela que vous ne m’entendiez pas. Il a fallu que je fasse des réunions, que je prépare mon programme d’actions. Je me suis rendu compte que la vision n’était pas très claire. Il a fallu qu’au sein de la direction, nous nous accordions sur la vision du Cnrd, que nous harmonisions les textes. Ensuite, nous avons tenu un congrès ordinaire le 7 avril pour présenter cette vision et le plan d’actions de l’organisation. Cette rencontre a demandé que nous rencontrions individuellement chaque parti membre du Cnrd parce qu’il y avait des sons de cloches discordants. Il fallait amener chacun des trente-neuf regroupements à réaffirmer son engagement. Ce travail a été fait. Le bureau a été remanié. Bientôt vous verrez nos actions sur le terrain.

 

 

 

Plusieurs organisations membres du Cnrd ont créé d’autres coalitions. Considérez-vous cela comme un dysfonctionnement ?

 

On peut appartenir en même temps au Cnrd et à un autre mouvement à condition de ne pas poser des actes qui vont à l’encontre des engagements qui ont été pris à la signature de la charte du Cnrd. Tant qu’il (le parti politique, ndlr) ne pose pas des actions qui prennent le contre-pied du combat du Cnrd, nous n’avons pas de problème.

 

 

 

Certains ont expliqué ces changements opérés à la tête du Cnrd par la nécessité d’avoir un mouvement plus souple, plus enclin au dialogue avec le pouvoir. Qu’en dites-vous ?

 

Non, cela vient de la confusion qui est faite en assimilant le Cnrd à certains partis politiques qui sont en son sein. J’ai regardé les archives et j’ai constaté que le Cnrd a été la première organisation à écrire au pouvoir, à deux reprises, après le 11 avril 2011, pour demander un cadre de dialogue. Mais le pouvoir, en répondant, a appelé plutôt le Front populaire ivoirien, ndlr (Fpi). Le Fpi gêné, puisqu’étant membre du Cnrd et n’ayant pas écrit au pouvoir, a amené le Cnrd avec lui. C’est pourquoi on avait parlé de dialogue du pouvoir avec le Fpi-Cnrd. Cela a créé justement des problèmes au sein du Congrès parce que certains partis ont trouvé que le Fpi se positionnait en vedette.

 

 

 

Comment jugez-vous le dialogue entre le pouvoir et le Cnrd ?

 

Ça va maintenant. Le pouvoir commence à écrire au Cnrd. Par exemple, pour aller à Grand-Bassam, il a invité le Fpi et aussi le Cnrd de même que des membres du Congrès qui appartiennent à d’autres plates-formes.

 

 

 

Pourtant le Fpi demande un cadre de dialogue spécifique entre le pouvoir et lui. Comment a-t-il pu accepter de discuter en même temps que le Cnrd ?

 

C’est justement tous ces problèmes que nous avons décidé de régler en interne. Dans une interview accordée à votre confrère Notre Voie, j’avais annoncé que le Cnrd décide d’adopter le principe de régler ses problèmes en interne. Donc si l’un des membres déporte les contentieux à l’égard des autres membres à l’extérieur, il porte atteinte à l’un des principes qui est la solidarité. Si on estime qu’un membre a un comportement qui n’est pas bon, c’est à l’intérieur du groupe qu’on doit le dénoncer. J’ai fait cette mise au point. Nous n’allons plus tolérer cela. Le principe de l’unicité d’actions, de la concertation, de la solidarité doit être de mise.

 

 

 

Le Fpi ne viole-t-il pas ce principe de solidarité en demandant un tête-à-tête avec le pouvoir ?

 

Dans la charte du Cnrd, chaque organisation demeure autonome. Les partis peuvent mener leurs activités. Ce que nous dénonçons, c’est lorsque certains font autre chose alors qu’il y a une action concertée. Le Fpi n’a jamais posé d’acte de dissidence, pourtant il fait l’objet de jalousie. Ce comportement n’est pas heureux.

 

 

 

Le 13 août prochain se tiendra l’audience de confirmation de charges contre Laurent Gbagbo. Dans quel état d’esprit êtes-vous ?

 

Ce n’est pas un problème d’état d’esprit. Nous avons un combat à mener : celui de la dignité de l’Homme noir et celle de l’humain en général. C’est ce qui amène à se battre pour la démocratie. Au Cnrd, on trouve inadmissible qu’une organisation internationale décide de venir bombarder le palais d’un pays pour en extraire le président et aller l’emprisonner pour le juger. Nous trouvons cela inadmissible.

 

 

 

Vous trouvez admissible que cette même personnalité ait demandé à l’armée de tirer sur sa population ?

 

Qui dit que ce chef-là a tiré sur la population civile ? On fait comme si on dormait tous ou qu’on était dans un rêve. Il y a un Etat constitué en Côte d’Ivoire. Qui a tiré en premier sur qui ? (elle marque un temps d’arrêt)

 

 

Je vous laisse répondre...

Il y a eu une rébellion ici. Les rebelles, c’est quoi ? Ce sont des hors-la-loi qui se dressent contre les règles en place. Dans notre Constitution, le peuple de Côte d’Ivoire dit que la sécurité est garantie par les forces de l’ordre. Elles ont l’exclusivité de la sécurité. Quand vous dites qu’un chef d’Etat fait tirer sur la population civile, qu’est-ce que vous appelez population civile ? Quand le Cecos prend un voleur et qu’il tire sur lui, est-ce pour cela qu’on doit punir le chef de l’Etat ? Doit-on le punir parce qu’il est responsable du Cecos ?

 

 

 

Comment expliquez-vous que des militaires tirent à l’arme lourde sur des femmes qui manifestent et qu’ils larguent des obus dans les marchés parce qu’ils estiment que tous ceux qui sont dans ce quartier sont des hors-la-loi ?

 

Le président Gbagbo a dit cela quand ? Dans quel discours officiel ?

 

 

 

Vous étiez en Côte d’Ivoire. Vous n’êtes pas sans savoir que les populations d’Abobo étaient régulièrement victimes d’agressions de la part de l’armée, sous Laurent Gbagbo ?

 

Elles étaient plutôt victimes de fréquentes agressions du commando invisible. Moi, j’ai vu mes parents d’Anonkoi-Kouté brûlés vifs. J’ai tellement pleuré que tout mon visage était endolori. Je sais qu’il se passait beaucoup de choses à Abobo. Je sais que nos policiers qui allaient mettre de l’ordre dans cette commune avaient beaucoup de mal parce que ce n’est pas cela qu’on leur a appris. D’habitude, ils s’occupent du maintien d’ordre. Or, ils avaient affaire à des gens invisibles qui les attaquaient et attaquaient d’autres citoyens. Nos forces de l’ordre ont été mises à rude épreuve. Des policiers ont été brûlés vifs. Au contraire, je tire mon chapeau à l’armée de Côte d’Ivoire qui n’a pas déraillé. Peut-être qu’il y a eu quelques bavures : je n’en sais rien. Des enquêtes doivent être menées. Mais il faut savoir qu’elle était en mission et que dans ce contexte, elle bénéficie d’une immunité. Ce que nous trouvons inconcevable, c’est ce que celui qui a attaqué, qui a commis des crimes graves, c’est lui qui, aujourd’hui, joue les justiciers. C’est ce qui est inadmissible. Et, c’est celui qui se défendait, dont la défense n’a peut-être pas été proportionnelle, parce que la défense n’est admise en droit pénal que lorsqu’elle est proportionnelle à l’attaque, c’est lui qui est arrêté. Et on dit qu’on va voir pour eux après.

 

 

 

Malgré tout ce qui s’est passé, un an après, on a l’impression que le Fpi ne se reproche rien du tout. Quelle chance pour la réconciliation dans ce contexte ?

 

Ce n’est pas que les discours restent les mêmes. Il y a des faits. Sans la vérité, on ne pourra arriver à rien. Nous sommes tous en Côte d’Ivoire. Les faits sont là. La décision du Conseil constitutionnel est là. Nous voulons qu’on revive tous ensemble. Il n’y a pas d’animosité. Je rends grâce à Dieu, je n’ai aucun ressentiment contre aucun de mes frères. Mais j’ai le devoir de vérité pour que demain cela ne se produise plus. M. Gbagbo ne pouvait pas accepter que des gens à l’extérieur lui demandent de quitter son fauteuil.

 

 

La réconciliation n'est donc pas utopique ?

La réconciliation est obligatoire. Aucune nation, aucune communauté humaine ne peut survivre sans réconciliation. Elle reste indispensable. Mais on ne peut pas se réconcilier sans vérité. On ne peut pas faire de réconciliation si on ne s’assoit pas pour reprendre les faits passés, dire qui a tort et qui a raison et arrêter les solutions pour ne plus connaître cela dans le futur. J’estime que la réconciliation doit se faire sur le problème de la souveraineté de notre pays.

 

Réalisée par Bamba K. Inza - Nord Sud 21 juillet 2012

(source : Ivoirian.net)

 

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12 juillet 2012 4 12 /07 /juillet /2012 14:59

13 juillet 2011-13 juillet 2012. Voici un an que le président de la République Alassane Ouattara signait l’ordonnance n° 2011-167 du 13 juillet 2011 portant création, attributions, organisation et fonctionnement de la Commission dialogue, vérité et réconciliation. Une année après, regards sur les avancées du projet et les obstacles à sa réalisation.

 

La réconciliation constitue le passage obligé pour recoller le tissu social mis en lambeaux par la grave crise postélectorale, dont le bilan officiel fait état de plus de 3000 morts, des milliers de disparus, de nombreuses infrastructures détruites et plusieurs centaines de milliers de populations déplacées ou sans abri. C’est pourquoi, dès sa prise de fonction officielle, le président Alassane Ouattara n’a pas hésité à créer cette Commission dialogue, vérité et réconciliation (CDVR). Nommé à la tête de cette nouvelle institution le 13 mai 2011, l’ancien Premier ministre Charles Konan Banny avait la lourde tâche, selon ses attributions, de briser les barrières politiques, ethniques et religieuses, afin de rapprocher les positions tranchées et engager le dialogue qui recréerait la confiance entre les Ivoiriens et aboutirait à une réconciliation vraie. Après un an d’exercice, peut-on dire que cet objectif a été atteint, du moins en partie ? Difficile de répondre. Quoi qu’il en soit, les Ivoiriens semblent observer le statut quo quant au processus de réconciliation. La CDVR est diversement jugée, à l’heure de ce bilan à mi-parcours. Tandis que certains Ivoiriens estiment qu’il faut accorder du temps à cette commission pour creuser l’abcès, afin d’établir les vraies bases de réconciliation, d’autres par contre font l’amer constat que le bilan de la CDVR durant cette première année est simplement négatif. La Commission avait la noble ambition de relever ce défi combien important pour la renaissance de la nation ivoirienne. Ce défi, faut-il le rappeler, se déclinait en quatre grands points, selon la vision de la CDVR. A savoir, procéder à une recension précise des faits qui gangrènent la société ivoirienne depuis de nombreuses années, œuvrer à faire éclater la vérité, nécessaire à l'amélioration des pratiques en matière de respect des droits humains, s’atteler à promouvoir l'entente et la réconciliation nationale véritable, encourager par son action l’avènement d’une société démocratique, dans laquelle la violence et l’impunité sont exclues. Mais, disons-le tout net, et avec nous bien des observateurs du marigot politique ivoirien, la CDVR n’a pas répondu aux attentes des Ivoiriens. Elle était absente là où le peuple l’attendait. Par euphémisme, l’on peut dire que le train de la réconciliation conduit par Charles Konan Banny n’a pas encore quitté la gare. En la forme, aucune action concrète à mettre à l’actif de la CDVR n’a été enregistrée par les Ivoiriens. On a eu l’impression, à certains moments, que d’autres acteurs de la vie politique ivoirienne ont volé la vedette au président Banny sur cette épineuse question.

 

A côté de la plaque

Les attributions de la Commission dialogue, vérité et réconciliation étaient clairement définies dans l’ordonnance qui l’a instituée au titre des attributions : « La CDVR a pour mission d’œuvrer, en toute indépendance, à la réconciliation et au renforcement de la cohésion sociale entre toutes les communautés vivant en Côte d’Ivoire. A ce titre, elle est chargée : d’élaborer une typologie appropriée des violations des droits de l’Homme susceptibles d’être l’objet de ses délibérations ; de rechercher la vérité et situer les responsabilités sur les événements sociopolitiques nationaux, passés et récents ; d’entendre les victimes, obtenir la reconnaissance des faits par les auteurs des violations incriminées et le pardon consécutif ; de proposer les moyens de toute nature susceptibles de contribuer à guérir les traumatismes subis par les victimes; d’identifier et faire des propositions pour la réalisation des actions de nature à renforcer la cohésion sociale et l’unité nationale ; d’identifier et faire des propositions visant à lutter contre l’injustice, les inégalités de toute nature, le tribalisme, le népotisme, l’exclusion, ainsi que la haine, sous toutes leurs formes ; d’éduquer à la paix, au dialogue et à la coexistence pacifique… ». Ainsi se présente en substance les attributions de la CDVR. Mais, le constat est patent. La commission n’a pu plancher définitivement sur l’une partie de ces attributions et rien ne rassure qu’elle réussira l’exploit d’accomplir cette mission. En jetant un regard sur ces attributions, on ne peut s’empêcher de se demander quelles étapes le président Banny et son équipe ont pu franchir. La typologie appropriée des violations des droits de l’Homme susceptibles d’être l’objet de ses délibérations a-t-elle été élaborée ? Les victimes ont-elles été entendues ? Autant de questions dont les réponses ont été englouties dans le flot des faiblesses affichées par la CDVR.

 

Que de faiblesses relevées

A l’analyse, on traîne les pas au niveau de la CDVR pour la simple raison qu’une trajectoire claire et précise n’a pas encore été donnée à la mission de la commission dirigée par Charles Konan Banny. Les Ivoiriens dans leur entière majorité ignorent le schéma de la CDVR pour réconcilier ce peuple meurtri par une décennie de crise. La Commission dialogue, vérité et réconciliation semble être très loin des réalités des acteurs de cette réconciliation. Pire, le fossé entre les actions du gouvernement en faveur de la réconciliation et celles de la Commission se creuse au fil des jours. A preuve, le dialogue républicain entamé par le gouvernement avec l’opposition a mis à la touche la CDVR. Cette commission est en panne sèche de stratégie, alors que ce ne sont pas les ressources humaines qui manquent. Les actions d’éclat ont pris le pas sur les œuvres concrètes. La Commission donne l’impression de tourner en rond sans répondre aux attentes des Ivoiriens. Le mandat de la CDVR était de deux ans. Mais, au terme de cette première année, les objectifs ne sont pas encore atteints, du moins ils ne sont même pas en voie d’être atteints. Ce gros chantier qui n’a pas connu un début de défrichage pourra-t-il être labouré ? C’est la grande interrogation qui se dégage à l’occasion du bilan à mi-parcours. Le président Banny et ses collaborateurs arriveront-ils à produire le miracle, puisque c’est de cela qu’il s’agit, durant les quelques mois qui leur restent passer à la tête de la Commission dialogue, vérité et réconciliation ? Il ne faut pas se voiler la face, la mission devient de plus en plus difficile, puisqu’elle a pris du plomb dans l’aile. D’ailleurs, les acteurs politiques et l’Ivoirien lambda n’espèrent plus rien de cette commission de réconciliation. A en juger par les réactions recueillies auprès des uns et des autres. La question qui demeure cependant est de savoir si le gouvernement va proroger le mandat de Charles Konan Banny à la tête de la Commission dialogue, vérité et réconciliation. Le président de la CDVR n’a pas manqué de préciser que deux années sont insuffisantes pour abattre cette énorme œuvre de réconciliation.

 

Jérôme N’dri - Le Mandat 12 juillet 2012  

(Source : abidjan.net)

 

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8 juillet 2012 7 08 /07 /juillet /2012 13:00

Lettre au président François Hollande

 

Monsieur le Président, les cinq prochaines années de votre mandat seront l’occasion de traiter une pathologie qui n’en finit pas de miner les principes universels de la société française, de freiner son dynamisme interne et de contrarier son rayonnement international. Plus que la crise économique, une crise identitaire affecte le devenir d’une société qui, depuis près d’un demi-siècle, n’est plus de substrat rural ni à vocation coloniale. Ce sont désormais des antagonismes exclusifs de type dedans-dehors qui structurent les rapports entre ville et banlieue, entre centre et périphérie, entre soi et non soi. Le constat clinique de cette psychopathologie identitaire est vite établi. Rappelons tout d’abord que l’identité a même été érigée en ministère. Depuis trop d’années, la politique, l’intelligentsia et les grands médias français manifestent ce trouble obsessionnel consistant à essentialiser l’origine et la religion de certains des citoyens de la République. Au niveau de la citoyenneté ordinaire, beaucoup ne comprennent pas pourquoi leurs rues sont animées de concitoyens dont la couleur de la peau, la texture, la coiffure, le vêtement, l’accent, l’odeur, le bruit dérangent et dérogent à leur vision idéalisée de la francité.

La crainte incessante d’une immigration galopante et débordante, la hantise de la religion islamique et de sa visibilité, le rejet panique face à toute demande de reconnaissance des maux causés par le colonialisme et l’esclavage, tout cela fonde une véritable pathologie identitaire. Comment donc dépasser des rapports inconciliables entre un « nous » mythifié et des «autres», différés pas plus loin que l’autre versant du boulevard périphérique ? Où, précisément, opérer la suture mentale des diverses facettes de la francité contemporaine ? Comment faire admettre la normalité, les potentialités d’un « nous autres Français » ? Entreprendre un processus de guérison du dysfonctionnement identitaire passe d’abord par un geste de reconnaissance de la question coloniale pour ses aspects refoulés, relatifs, en premier lieu, à l’histoire de l’Algérie française. Un déni d’histoire persiste et insiste dans la culture française contemporaine.

 

Pour conjurer le mal-être français face à l’étrangéité d’une partie de sa propre population, le temps est venu de faire remonter en surface un certain nombre d’impensés sur le passé antérieur. Nous évoquons un temps où, pour paraphraser Péguy, la surface de la Terre où la langue française était parlée se mesurait aux canons et aux mitraillettes.

 

 

 

A l’occasion du cinquantenaire de l’indépendance de l’Algérie – le 5 juillet 1962 –, il est en votre pouvoir, monsieur le Président, d’adresser au peuple algérien un message de fraternité pour les malheurs qu’il a endurés, tout en assumant la responsabilité historique de la France. Si elle est restée cent trente deux ans en Algérie, c’est qu’il y eut identification complète : « L’Algérie, c’est la France ». Ce geste de reconnaissance et d’excuse, que la France devra tôt ou tard accomplir vis-à-vis d’un peuple colonisé comme rarement dans l’histoire, a été attendu des décennies durant. Mais il manquait des hommes et des femmes d’Etat pour porter cette vérité au nom du peuple français et de ses idéaux universels. On ne peut pas rester indéfiniment otage d’un passé auquel on n’a pas participé et dont, pour l’essentiel, plus personne ou presque ne peut endosser le projet impérialiste : vous avez la légitimité, l’indépendance et, je crois aussi, le courage pour clamer cette parole de vérité.

 

Certes, l’administration coloniale de dizaines de peuples n’entraîna pas que ruines et désolation : une loi positive a d’ailleurs été approuvée en ce sens au Parlement français. Et ceux qui d’ailleurs s’engagèrent, y compris les armes à la main, contre le colonialisme, sont généralement de culture française, et ont fait la différence entre la France et sa politique coloniale. Aujourd’hui, la surface de la Terre où l’on parle français pourrait représenter un pôle géoculturel qui se mesure en termes de chantiers éducatifs, de réseaux universitaires, d’outils de savoir et de faisceaux d’entre-connaissance.

 

En tant que culture de la domination, le colonialisme fut un viol qui n’a laissé indemnes ni les colonisés ni les colonisateurs. Si l’Algérie a, elle aussi, opéré un refoulement de certains épisodes de sa guerre de libération, si elle a connu la dictature puis la guerre civile, cela montre que l’on ne sort pas facilement de plus d’un siècle de colonialisme, et qu’elle aussi, tôt ou tard, devra affronter ses propres démons du passé et du présent et mettre des mots pour traiter sa propre crise identitaire. Pour ce qui est de l’Etat français, tant qu’il n’aura pas clairement expliqué ce qui s’est passé durant des décennies et des siècles, condamné ce qui aujourd’hui relève de crimes de guerre et contre l’humanité, la discorde identitaire, le rejet et la discrimination trouveront un champ fertile dans le refoulement du passé. Ce que vous pouvez entreprendre par ce geste et l’expression de regrets, monsieur le Président, est une identification qui replace l’histoire du colonialisme, de ses manifestations et ses conséquences contemporaines dans une destinée commune. Ceci permettrait d’expliquer, justement, pourquoi un Corse, un Kabyle, un Martiniquais, un Basque, un Sahélien, un Alsacien se retrouvent à partager un devenir commun au sein de l’espace national. Reconnaissez, monsieur le Président, au nom de toutes les victimes – civils algériens, pieds-noirs, harkis, soldats français – l’expropriation et la déportation, Sétif et Guelma, l’usage du napalm et de la torture. Que votre présidence soit aussi l’occasion d’ouvrir vos universités et vos laboratoires à tous ces jeunes qui, issus de cette histoire occultée, cherchent – dans le passé ou la religion – comment produire du savoir et du sens. Ce faisant, vous encouragerez et inséminerez l’esprit critique français pour repenser des questions aussi majeures que l’égalité et la diversité des individus, le pluralisme culturel, le rôle et le devenir du fait religieux dans une mondialisation qui produit à la fois standardisation et différenciation.

 

En vous adressant au peuple algérien au nom du peuple français, vous vous adresserez à tous les autres peuples ayant subi le colonialisme, et avant cela la déportation et l’esclavage. Cette démarche solennelle, symbolique, est une manière de poser un regard lucide et calme sur le passé et de prendre soin de l’avenir. Pour en finir aussi avec le culte idolâtre de l’identité.

 

 

 Réda Benkirane, Sociologue, chercheur associé au centre Jacques Berque (Rabat), in Libération 05 juillet 2012.

 

Source : CIVOX. NET 07 Juillet 2012

 

 

 

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30 juin 2012 6 30 /06 /juin /2012 18:50

Empruntons à Alpha Blondy le titre de son worst-seller pour un rire jaune culturel. Sommes-nous condamnés à demeurer dans le débraillé ? Notre culture est-elle devenue incapable de s’affranchir du dévergondage ? Pour avoir souffert l’Etat-Zouglou, devons-nous absolument nous farcir l’Etat-Yagba ? Il semble bien que oui, hélas ! Une continuité culturelle apparaît de plus en plus nette entre les deux moments de la Seconde République.

 

Le manque de retenue et l’indécence culturelle façon zouglou a désormais fait place à sa nuance yagba. L’entrée dans la yagba dimension, où l’on nous traîne contre notre gré, apparaîtra aux yeux des historiens de l’art du futur comme un cas de continuum de style entre cycles politiques qui dément les proclamations des thuriféraires du changement. Pour dire comme l’autre, en matière de culture, le changement, ce n’est pas maintenant ! En dehors du caractère de servilité extravertie du second, Zouglou et Yagba sont des frères siamois. Si nous le disons, il s’agit de le prouver. Voici donc trois cas où le débraillé se donne à voir dans toute sa nudité obscène.

 

QUAND ON IGNORE LA CULTURE

Il y a inculture de la part d’un Etat à considérer que les obsèques d’une personnalité telle que Zadi Zaourou relève de la stricte sphère privée familiale. Comment comprendre que les funérailles de l’homme de culture le plus important d’un pays n’aient fait l’objet d’aucune célébration officielle ? Quel responsable de ce pays peut être pris au sérieux s’il prétend ignorer la stature de monument culturel vivant qu’avait atteint Zadi Zaourou. Malheureusement, nous ne sommes pas au Japon. Nous ne sommes pas non plus au Sénégal, pays qui a su honorer Jules Bocandé.

Pour la postérité et pour la jeunesse ivoirienne, énumérons les apports de Zadi qui devaient obliger les autorités à déclarer ses obsèques, funérailles nationales, avec cérémonie officielle et drapeaux en berne. Eminent universitaire, le Pr Zadi a formé des centaines d’étudiants et fait presque deux dizaines de docteurs ès lettres. Dans le cadre de ses recherches en linguistique et en stylistique, il a parachevé les fonctions du langage établis par Roman Jakobson, en y ajoutant la fonction rythmique, afin d’en faire un outil véritablement universel d’étude des faits langagiers. Comme dramaturge, Zadi est l’auteur ivoirien le  plus traduit. Ses pièces majeures, La termitière, La guerre des femmes, ont été représentées sur nombre de grandes scènes du monde. En tant qu’artiste, Zadi a exhumé l’instrument traditionnel qu’est l’arc musical  et en a fait don à la musique ivoirienne moderne.

Et l’on peut ajouter à ce legs, même si ce n’est pas un épisode dont il était spécialement fier, qu’il fut ministre de la culture. Conscience politique lucide, il fut le seul leader à appeler à voter « non » au référendum constitutionnel de 2000, en raison de la nature belligène du projet de constitution.

Pour toutes ces contributions, l’Etat de Côte d’Ivoire à une dette morale envers Zadi. Dette dont il a décidé  de ne point s’acquitter.

 

QUAND LA CULTURE S’ETALE

Ce qui est indécent et manque totalement de retenue, c’est une jeune Ivoirienne, presque nue, vautrée à quatre patte sur une estrade, et donnant à la planète entière, via la machine à abrutir, le spectacle d’une chute d’anthologie. Au fait, que dit la loi sur la diffusion de l’image de post-adolescentes court vêtues ? Ce qui est également obscène, ce sont ces Bac + 1 ou 2 pathétiques qui ânonnent, toute honte bue, des laïus d’une débilité confondante qu’on leur a fait mémoriser. On ne sait s’il faut rire (jaune) ou pleurer, lorsque cestuy-là tire pour toute leçon de cette infamie : « c’est un jeu et il faut prendre cela comme tel ». On ne peut pas plus ruiner les luttes des associations pour l’égalité des genres.

Toutefois, aux yeux de ceux qui organisent cette foire aux « oies », nous sommes ici à l’apogée du fait culturel ivoirien. L’aréopage, la retransmission en direct de l’événement et l’unanimisme de la presse leur donnent raison. De même que millions, villa et véhicule, sous lesquels croulent les lauréates. Ces gens-là croient être quittes avec notre culture quand ils ont fait se dandiner ces donzelles sur les rythmes de l’Alloukou, de l’Abodan et du Yatchanan. Il y a tout de même des limites dans la folklorisation de sa propre (?) culture. Réjouis-toi peuple de Côte d’Ivoire, voici tes ambassadrices qui seront le trait d’union entre tes peuples en inimitié.

Triste, que tout cela !

Hors ça, n’avions-nous pas critiqué cette « ménagerie », du temps béni de l’opposition ? Yagba dimension, on vous dit. Ce qui est enfin cocasse – mais qui ne nous a pas fait rire du tout –, c’est quand l’un des montreurs de foire tance le public « réfractaire qui riait et embêtait les jeunes filles chaque fois qu’elles commençaient à ouvrir la bouche ». Sans doute pour chercher de l’air, pauvres perches dans leur bocal de verre. Soyons sérieux une seconde. A quoi sert au juste ce cirque ? A créer du temps de cerveau disponible pour MTN. Ci-git la culture ivoirienne. Quatre fers à l’air…

 

QUAND ON ALIENE LA CULTURE

Nous sommes au-delà de toute outrance dans la retenue lorsqu’on octroie à un saltimbanque (montreur de numéros de divertissement) dont l’encre sur le diplôme n’a pas encore eu le temps de sécher, un salaire de 131 millions Cfa afin qu’il fasse son stage à la tête de notre sélection nationale.

Les arguties de ceux qui ont pris cette ubuesque décision ajoutent l’injure à l’indécence. Deux aspects de cette veulerie choquent particulièrement : le mépris de soi-même qui consiste à inculquer à notre jeunesse que n’importe quel novice blanc est supérieur à tout spécialiste expérimenté ivoirien et la morgue de ceux qui jettent à la face de la nation pillée qu’ils n’ont de compte à rendre à personne et dédaignent d’infirmer ou de confirmer l’insolence de cette rémunération. N’avons-nous rien de mieux à faire avec les maigres ressources dont nous disposons ?

Quand on cesse d’être déculturé ou simplet, et qu’on pose les vraies questions d’un peuple ayant subi la colonisation, dont plus de la moitié vit avec moins de six cent francs par jour et qui a l’un des taux de mortalité infantile les plus élevés au monde, on se doit de penser juste. Et de reconnaître que le football,  primaire outil d’aliénation culturelle, ne contribue en rien au progrès d’une nation et la FIFA, qui organise ces exhibitions puériles pour lesquels nous payons à de simples montreurs d’ours ces sommes indécentes, une association privée c’est-à-dire un club d’amis. Comment une société fait-elle pour passer directement des balbutiements à la décadence ?

 

QUAND LA CULTURE AGONISE

Nous nous apprêtions à conclure cette sortie en admonestant ceux qui traînent ainsi notre culture dans la fange et en les invitant à prendre pour modèles les pairs de Zadi, quand nous avons eu la malencontreuse idée d’écouter « La semaine en revue » de ce samedi 9 juin sur Onuci fm. Voici ce qu’on pouvait y entendre  : « Nous sommes des pays mondialisés. (…) Il ne faut pas se voiler la face. Nos Etats sont faibles et ce n’est pas par des attitudes souverainistes ou nationalistes hors de saison qu’on peut régler nos problèmes. Il nous faut faire appel à l’aide internationale. (…) Quand un pays ne peut pas défendre sa souveraineté, l’Onu a un devoir d’ingérence ». N’en jetez plus…

Ces propos (retranscris de mémoire) sont du Pr Niamkey Koffi. Ci-devant porte-parole de l’ex-président M. Henri K. Bédié. Quand on sait que M. Niamkey a le grade de professeur titulaire de chaire, qu’il a pour spécialité la philosophie, qu’il conseille une des deux ou trois personnalités qui décident des grandes  orientations pour notre pays, on ne peut qu’avoir froid dans le dos. Et commencer à faire son deuil sur l’indépendance réelle (économique et militaire) de notre pays. Passons sur les faux concepts comme « pays mondialisés » ou « devoir d’ingérence » et jaugeons la mentalité qui sous-tend ces propos. Seule une conscience vaincue peut tenir un tel discours. Pour la lavandière qui n’est pas philosophe pour un sou et qui n’a jamais fait de politique, son gros bon sens lui dit que lorsqu’on est faible, on cherche à devenir fort et  non à appeler le tout venant au secours.

On peut légitimement se demander pourquoi le Pr Niamkey continue de faire de la politique ? Puisqu’il avoue n’avoir aucune capacité à peser sur les adversités. Que fera-t-il si ceux sur qui il compte ne peuvent pas ou refusent de l’aider ? Ou pire ( ?) décident de revenir le coloniser ?

Quand une « pensée » devient à ce point pansue et atteint ce niveau de vide, la culture n’est plus ignorée ni ne trébuche, elle trépasse. Comment être crédible à critiquer des néobachelières qui ne cherchent qu’à être belles et à se taire quand le sommet de « l’intelligentsia » étale une « pensée » aussi flasque ? Nous comprenons (enfin) pourquoi la fermeture des universités n’a provoqué aucun tollé. Puissent-elles rester  fermées mille ans !

 

Dr Abdoulaye Sylla, Université de Cocody.

source : L’éléphant déchaîné 26 - 28 juin 2012

(Titre original : « Yagba dimension »)

 

 

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28 juin 2012 4 28 /06 /juin /2012 11:16

L’élaboration et l’adoption d'un nouveau code électoral en Côte d'Ivoire ont suscité beaucoup de réactions dans les états-majors des partis politiques et dans la presse. L'ampleur des commentaires dans la presse internationale démontre, s'il en était encore besoin, l'importance de la Côte d'Ivoire dans la sous-région ouest-africaine. Ces commentaires, pour ceux qui sont hostiles au texte, procèdent d'une situation sociologique propre à la Côte d'Ivoire : pays longtemps ouvert aux étrangers et ayant tout partagé avec ceux-ci, l'ajustement de  ses normes juridiques tendant à conférer le pouvoir politique à ses authentiques fils et filles uniquement s'accepte  difficilement.

 

OUVERTURE

Cependant, à lire avec intelligence l'histoire de la Côte d'Ivoire et à observer avec perspicacité la vie politique de ce pays, on comprend aisément que, pour réussir, le successeur de Félix Houphouët devait consolider les bases de l'Etat de droit tout en appliquant une politique pour les Ivoiriens, avec les Ivoiriens. Cela, d'autant plus que la trop large ouverture dont les étrangers avaient bénéficié dans les structures de décisions de l'Etat était devenue de moins en moins tolérable par les nationaux, ce qui, à terme, pouvait entraîner des fissures au niveau du tissu social.

 

INSERTION

Nous ne disons pas qu'intégrer les étrangers à la vie de la nation est une mauvaise chose en soi. La  Côte d'Ivoire est un pays qui a fait de l'accueil et de l'insertion des ressortissants des pays limitrophes un principe et une pratique d'actions politiques uniques, c’est l'exercice de la souveraineté. Et, sur ce point n'est pas besoin d'être expert en science politique pour savoir qu'à terme, le peuple de Côte d’Ivoire pourrait exprimer de façon plus ou moins violente sa désapprobation d'une politique qui l'en spolierait au profit d'un certain idéal d'intégration régionale aussi lointaine qu'incertaine. 

Dans chaque pays du monde, dans chaque société humaine, les règles définissent les principes selon lesquels le pouvoir politique s'exerce. L'idée selon laquelle le territoire actuel de Côte d'Ivoire est essentiellement habité par des peuples qui viennent d'ailleurs est historiquement et sociologiquement irrecevable tout comme se demander qui est véritablement Ivoirien et qui ne l’est pas est idiot. Depuis la nuit des temps, ce pays est habité par des peuples qui s'identifient à lui.

Il est vrai que le renouvellement du peuplement d'un espace socio-géographique étant une constante historique universelle, les peuples ivoiriens se sont enrichis au fil du temps d'apports extérieurs. Ces peuples séculaires, quels que soient les liens qui les unissent avec les autres nations ou les autres pays de la sous-région, ont une identité politique sui generis née du régime et de sa fin en 1960.

 

IDENTITE

Les différents peuples de Côte d'Ivoire, qui vivent sous le même régime administratif et politique depuis l'indépendance, ont développé un sens [communautaire propre, une synergie et une dynamique socio-historiques spécifiques. Il existe aujourd'hui une identité nationale ivoirienne qui, bien qu'en devenir, s'affirme de plus en plus. Juridiquement, tous ceux qui s'étalent établis dans ce territoire avant l'indépendance devraient pouvoir être considérés comme Ivoiriens de souche, au même titre que les autochtones, s'ils ne se sont pas réclamés d'une autre nationalité. Un tel principe, très simple en apparence, ne s'applique pourtant dans aucun pays d'Afrique où les peuples présentent tant de traits culturels communs.

Deux pays si intimement liés que le Congo et le Zaïre par l’exemple n'admettraient pas, d'avoir chacun pour président un ressortissant de l'un ou de l'autre, ou même un de leurs propres nationaux qui se serait affiché sous la nationalité de l'autre.

A part la position d'une certaine frange de l'opposition ivoirienne qui procède d'une logique de contestation permanente, toutes les critiques formulées contre le nouveau code électoral s’appuient sur un point – il ne sert à rien de s'en cacher : l'exclusion de l'éventuelle candidature d'Alassane Ouattara à l'élection présidentielle. On a beau faire savoir à tous ceux qui attribuent cette intention aux autorités ivoiriennes que la loi est impersonnelle et que l’on me saurait la concevoir en pensant à un seul individu, leur certitude ne s’ébranle pas. Mais pourquoi veut-on, nécessairement qu’Alassane Ouattara soit président de la Côte d'Ivoire, pays auquel il ne s’est identifié qu'au milieu des années quatre-vingt, alors qu'y étant né, il pouvait en être un fils naturel, même s'il existe des doutes sur l'origine de son père. 

Article non signé.

Titre original : « Plaidoyer pour un nouveau code électoral ».

Source : Fraternité Matin 17 août 1995

 

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23 juin 2012 6 23 /06 /juin /2012 20:37

La proclamation des résultats provisoires par le président de la CEI a été émaillée de faits insolites, y compris des atrocités commises dans le Nord par les Forces nouvelles, qui n’ont nullement retenu l’attention de la communauté internationale. Parmi ces faits, qu’il soit permis de rappeler brièvement les trois principaux .

 

D’abord, l’auteur de la proclamation, en tant que délibération n’est pas la CEI, faute de consensus, mais M. Youssouf Bakayoko, tout seul, qui n’engage que lui. Car les textes fondateurs de la CEI disent que les résultats de l’élection présidentielle se proclament au sein de la CEI et non ailleurs. En outre, une circulaire du président de la CEI datée du 27 novembre dit que la proclamation des résultats du second tour se fait non seulement à la CEI mais en présence de tous les commissaires de la CEI, des représentants des deux candidats et des officiels.

 

Ensuite, le lieu de la proclamation n’est pas le siège de la CEI, mais l’hôtel du Golf, le quartier général de l’ex-Premier ministre, Alassane Dramane Ouattara, l’un des candidats à l’élection présidentielle, celui des rebelles et aussi du Premier ministre, Guillaume Soro, Secrétaire général des Forces nouvelles, c’est-à-dire la rébellion armée.

 

Enfin, le destinataire de la proclamation n’est pas le peuple ivoirien, mais les ambassadeurs de France et des Etats-Unis, assistés du représentant du facilitateur du dialogue inter-ivoirien (Burkina Faso) et ce devant les médias français, à l’exclusion des médias ivoiriens.

 

Le quatrième fait, tout aussi insolite, se rapporte à l’objet même de la proclamation, c’est-à-dire les résultats provisoires des élections du second tour du scrutin. Il s’agit plus précisément du taux de participation qui, curieusement, a été majoré.

 

Le président de la CEI a annoncé 81% lors de sa proclamation du Golf alors que le taux de 70% faisait l’unanimité de tous au lendemain du scrutin, d’où une majoration de près de 11%.

 

 

 

I – 81% de taux de participation annoncé par le président de la CEI au Golf hôtel

 

- Les résultats provisoires, tels que délibérés et proclamés par le président de la CEI, s’établissent comme suit :

 

§ - Suffrage exprimé : Alassane Dramane Ouattara : 2.483.164 voix, soit 54, 10% ; Laurent Gbagbo : 2.107.055 soit 45, 90%.

 

§ - Taux de participation : 81%. Ce taux, qui avoisine presque celui du 1er tour du scrutin (83%), est bel et bien celui que Youssouf Bakayoko a communiqué à la communauté internationale, réduite aux ambassadeurs de France et des Etats unis assistés du représentant du facilitateur du dialogue inter-ivoirien (Burkina Faso).

 

- La réaction de Choï, Représentant spécial du Secrétaire général de l’ONU, en sa qualité de certificateur, ne s’est pas fait attendre. Après avoir dénié les résultats définitifs proclamés par le Conseil constitutionnel et pris partie pour la CEI en charge de la proclamation des résultats provisoires, il a en effet déclaré : « Même si toutes les réclamations déposées par la Majorité présidentielle auprès du Conseil constitutionnel étaient prises en compte en nombre de procès-verbaux, et donc de votes, le résultat du second tour de l’élection présidentielle tel que proclamé par le président de la CEI le 2 décembre ne changerait pas, confirmant le candidat Alassane Ouattara vainqueur de l’élection présidentielle ».

 

 

 

II – 70 % de taux de participation faisant l’unanimité de tous au lendemain du scrutin

 

Dès le lendemain du scrutin, toutes les structures impliquées dans le processus électoral ainsi que les observateurs et experts ont reconnu la baisse du taux de participation par rapport au 1er tour. Et tous se sont accordés sur un taux avoisinant les 70%. Qu’il soit permis de mentionner quelques déclarations :

 

- Le ministre Soumahoro Amadou, 1er vice-président de la CEI chargé des opérations électorales, représentant le Rassemblement des républicains (RDR), parti d’Alassane Dramane Ouattara, le jour même du scrutin, constate la faible mobilisation et en donne l’explication suivante : « … comme le droit de vote n’est pas une obligation dans notre pays, naturellement chacun l’exerce dans la mesure de sa conscience civique ». Le lendemain lundi 29 novembre, au Journal télévisé de 13heure, avec le journaliste Thomas Bahinchi, il annonce que le taux de participation est faible cette fois-ci comparé à celui du premier tour. Cela dit, a-t-il ajouté, il se situe entre 60 et 70%.

 

- Le président de la CEI, Monsieur Youssouf Bakayoko lui-même, reconnaît également le même jour les faits : « On note simplement une faiblesse. Je ne peux pas donner de chiffres. » (http://www.afrik.com/article21376.html) ;

 

- Le site lequotidien.sn, par Mamadou DIALLO, relève : «Contrairement au premier tour où le taux de participation était de 83 %, les électeurs ne se sont pas déplacés en masse pour le second tour. Une baisse du taux de participation confirmée par le président de la CEI. ».

 

- Gérard Latortue, le chef de la Délégation des observateurs de la Francophonie, déclarait le 29 novembre 2010 « que même si le taux de participation au second tour était inférieur à celui du premier, il pourrait avoisiner les 70 pour cent ».

 

Il faut noter, à ce stade, trois circonstances importantes. La première, c’est que Gérard Latortue est un observateur occidental et non Africain et donc « crédible », conformément aux critères de Choï. La seconde circonstance, c’est que le Représentant de l’OIF s’est exprimé au siège de l’ONUCI et en présence de Choï. Celui-ci n’a apporté aucun démenti.

 

La troisième donnée, c’est que le taux de 70%, annoncé par Gérard Latortue, a été rapporté par un communiqué officiel de l’ONUCI.

 

- France24 publie le 29 novembre sur son site : « La Commission électorale indépendante (CEI) ivoirienne a annoncé hier que le taux de participation au second tour de la présidentielle, qui opposait dimanche le chef de l’Etat sortant Laurent Gbagbo à l’ex-Premier ministre Alassane Dramane Ouattara (ADO), s’élevait à 70 % environ des 5,7 millions d’électeurs inscrits sur les listes électorales. Un chiffre plus faible qu’au premier tour, au cours duquel 83 % des électeurs inscrits s’étaient rués dans les bureaux de vote. »,

 

- observers.africa24.com et africahit.com reprennent l’information précitée en ces termes: « La Commission électorale indépendante (CEI) ivoirienne a annoncé ce lundi que le taux de participation au second tour de la présidentielle s’élève à 70 % environ des 5,7 millions d’électeurs inscrits sur les listes électorales ».

 

 

III – 11% de majoration du taux de participation

 

De tout ce qui précède, il résulte une majoration du taux de participation de 11%. Ce qui correspond à un gonflement de plus de 500.000 voix.

 

Cette majoration subite suscite un certain nombre de questions dont les suivantes :

 

- N’est-ce pas pour masquer la supercherie et attribuer des voix supplémentaires au candidat de la CEI, Alassane Dramane Ouattara ?

 

- N’est-ce pas la raison pour laquelle l’on a procédé à un résultat global plutôt qu’à un résultat détaillé, sinon département par département, à tout le moins région par région ?

 

- N’est-ce pas pour les mêmes raisons que, dès le lundi 29 novembre, les membres de la CEI ont communiqué, selon le site Lesgrandesoreilles.com, aux chancelleries les résultats ? Ceux-ci donnaient Alassane Dramane Ouattara vainqueur avec plus de 53% des suffrages, alors même que la CEI avait à peine commencé ses délibérations. Il n’est pas inutile de préciser que le site en question appartient à Jean Paul Ney, ancien locataire de la MACA pour tentative de déstabilisation, en complicité avec feu Ibrahim Coulibaly dit IB.

 

- N’est-ce pas pour occulter un fort taux d’abstention préjudiciable à Alassane Dramane Ouattara, bénéficiaire présumé du report de voix du candidat malheureux Henri Konan Bédié que l’on a procédé à cette majoration de 11% ?

 

- N’est-ce pas ce qui explique la volte-face du Représentant spécial du Secrétaire général de l’ONU qui a soutenu que, quel que soit le cas de figure, Alassane Dramane Ouattara est vainqueur ?

 

 

 

René Pierre D., président du Collectif des juristes pour la sauvegarde de la légalité républicaine.

 

(Sources : Notre Voie21/6/2012)

 

 

 

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Le cercle victor biaka boda

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