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27 février 2012 1 27 /02 /février /2012 09:09

France 2, la république irréprochable…

 

Les Ivoiriens sont connus pour leur humour qui tend à banaliser des situations difficiles. Aujourd’hui, tout le pays admire le Nord devenu l’Eldorado. Pour n’avoir point connu d’égratignure majeure depuis la crise de 2002. D’autant que la plupart de ses «fils» occupent illégalement, ailleurs, habitations, plantations, villes. Se faisant passer pour des «soldats de la paix» alors que les organisations internationales des droits de l’Homme les perçoivent à raison comme des seigneurs de guerre. Vu les exactions qu’ils commettent sur certaines populations (Ouest, Sud, Est…) déclarées proches du président Laurent Gbagbo. Faisant suite à bien d’autres, les exactions commises par ces Frci à Vavoua, le 18 décembre 2011, ont contraint le chef des Armées à des menaces fortes, qui sont restées sans effet, comme le montrent les dernières victimes d’Arrah le 12 février 2012. Le Nord a toujours été dorloté par les successeurs d’Houphouët (paix à son âme). Ouattara a décidé d’en faire plus : avec le nouveau découpage électoral, son régime accentue la discrimination. On fait d’un village de dix cases une sous-préfecture ou une préfecture quand, ailleurs, il faut en compter au moins des centaines pour devenir circonscription électorale. Objectif inavoué : contrôler le Parlement. A bas l’égalité des chances. Vive le concept du «rattrapage» qui favorise l’accès au travail et à la prospérité nationale aux ressortissants du Nord. A défaut d’avoir un pays indépendant, où le peuple souverain oriente les choix des gouvernants, les Ivoiriens souverainistes se plaisent dans le «dozoland» ou l’autre France que dessine pour eux, à grand jet d’encre, le maître de l’Elysée. De sorte que, désormais, la Côte d’Ivoire, c’est la France. Ou France2.

 

Et comment ?! Selon le Français Guy Labertit, «depuis mai 2011, Philippe Serey-Eiffel, éphémère directeur des Grands travaux alors que Ouattara était le Premier ministre d’Houphouët-Boigny, a l’œil sur les questions économiques. Le conseiller d’Etat en France Thierry Le Roy l’a rejoint en 2012 pour l’organisation de la réforme de l’Etat. Le général Claude Réglat, ancien commandant des Forces françaises au Gabon, gère les questions de sécurité et la réorganisation des services ivoiriens. Sans oublier les petites mains de la barbouzerie, comme Jean-Yves Garnault, l’ancien agent de la DST française ». Et ce n’est pas tout dans ce pré carré à l’allure d’une république bananière. Guy Labertit estime que, en matière de gouvernance, terme cher aux institutions internationales, la non installation, en février 2012, d’une Assemblée nationale dont les membres ont été élus le 11 décembre 2011, fait tache. Certes, les législatives seront reprises dans 11 circonscriptions le 26 février suite à l’invalidation des scrutins par le Conseil constitutionnel, le 31 janvier dernier, pour cause de fraudes alors même que l’ancienne majorité avait boycotté la consultation électorale ! On comprend mieux le refus de la communauté internationale de recompter les bulletins lors de l’élection présidentielle contestée de novembre 2010….

 

«A la tête de l’Etat, Alassane Ouattara recourt donc à des ordonnances sans loi d’habilitation, y compris sur des questions aussi importantes que l’âge de la retraite. Ce dernier a eu beau répéter à l’envi pendant sa visite d’Etat en France qu’il n’y a pas de justice des vainqueurs, que la paix est revenue et que l’armée est réunifiée, il n’empêche qu’aucun de ses partisans n’a été inquiété par la justice depuis dix mois, que l’opposition voit ses meetings perturbés ou attaqués violemment (un mort et soixante huit blessés le 21 janvier lors d’un meeting du Front populaire ivoirien) et que les FRCI incarnent l’arbitraire et la répression. Que le frère et une nièce de Dominique Ouattara, Marc et Noëlle Nouvian, sont actionnaires d’une nouvelle société de négoce international (Soneici) de fèves de cacao, dirigée par Hervé Dominique Alliali. Il est vrai que le Premier ministre Guillaume Soro s’est taillé la part du lion avec l’installation de cols blancs rebelles (André Ouattara et autre Ismaël Koné) au sein du Conseil café cacao mis en place le 24 janvier 2012».

 

Qu’est devenue la promesse d’une République irréprochable ?

 

Patrice Douh-L (Le Temps 25 février 2012) 

 

 

Pourquoi le président du FPI

par intérim

cherche-t-il à se réconcilier avec la France?1

 

Monsieur Miaka doit comprendre que la reprise des enquêtes en Côte d'Ivoire par la CPI n'est pas une décision de la France mais des organisations internationales des droits de l'homme et de l'avocat de Gbagbo qui dénoncent certainement une injustice flagrante dans l'emprisonnement de Gbagbo. Si la France voulait se réconcilier avec la Côte d'Ivoire, elle n'aurait pas pris faits et causes pour Ouattara et l'installer à la tête d'un pays.

 

Le président par intérim du FPI dévoile sa naïveté déconcertante en faisant le complexe de l’esclave qui ne voit pas la chaîne qu’il porte au cou. Monsieur Miaka pense que c'est la France qui remettra le FPI au pouvoir. Il oublie qu'on ne négocie pas sa propre liberté avec son maître. La France choisit ou a déjà choisi les futurs chefs d'Etat dans ses prés carrés en Afrique. Pourquoi Monsieur Miaka parle-t-il de réconciliation avec la France ? Quelle est en réalité le domaine d’action qui lui est dévolu par le FPI ?. Traditionnellement, un président par intérim n’expédie que les affaires courantes mais ne bâtit pas des stratégies.

 

Oui ! La France ne se réconcilie pas. Elle impose et s’impose dans nos pays. Si M. Miaka ne le sait pas, il n’aura rien appris de sa longue carrière de militant d’un parti qui a pour fondement la liberté des peuples colonisés et le combat pour la défendre. Oui la France a mis au pouvoir, celui qui a accepté de faire le job à l’instar des plus grands mercenaires. Notre président par intérim semble l’ignorer alors que les faits le lui rappellent à l’envi.

 

Le FPI de M. Gbagbo n'a jamais déclaré la guerre à la puissance France ; alors pourquoi M. Miaka parle-t-il de réconciliation sans nous dire plus exactement les raisons qui fondent cette démarche de réconciliation ? Nous pouvons nous poser légitimement la question de savoir les raisons qui amènent M. Miaka à se répandre dans les journaux sur des thèmes qui sont loin des préoccupations des militants du FPI. Dans quel intérêt M.  Miaka annonce-t-il et impose aux militants le thème de la convention du FPI depuis Paris ? Hier c’était le bilan du président AFFI N’Guessan. C’est une confusion de genre qui n’honore pas le président par intérim du FPI. M. Miaka semble être aux ordres…, car le FPI ne détient pas les leviers du pouvoir d’Etat pour parler de paix et de réconciliation entre les populations Ivoiriennes. C’est un domaine qui est réservé à celui qui a crée les troubles en Côte d’Ivoire. Miaka le sait très bien.

 

Une absurdité de plus ! Miaka demande à la France d'amener Ouattara à rouvrir le dialogue avec l'opposition ivoirienne. Je trouve cela humiliant et ridicule pour des militants de la liberté et de la démocratie. Toutes les pertes en vies humaines de nos compatriotes perpétrées et ou induites depuis 2002 par la rébellion soutenue par Ouattara et la France sont très explicites. Les courbettes de M. Miaka ou ce qui ressemble à des tentatives de marquer sa disponibilité pour servir l’autre camp sont désormais visibles. Il appartient aux militants du FPI d’en tirer les leçons.

 

Restons vigilants et sereins !

 

G. Liadé

 

1 – NB - G. Liadé réagit à la réponse de Sylvain Miaka Oureto à cette question :

Jeune Afrique : « Vous avez rencontré les autorités françaises à Paris. Quelle approche prônez-vous avec la France ? »

SMO : « Le président Gbagbo disait souvent : « un État n’a pas d’amis. Il n’a que des intérêts ». J’appelle à une relation nouvelle et apaisée avec l’ancienne puissance coloniale. Les autorités françaises peuvent également nous aider pour amener le président Ouattara à rouvrir le dialogue politique avec l’opposition. » (Propos recueillis par Pascal Airault, « Jeune Afrique » 24 février 2012)

 

en maraude dans le Web

Sous cette rubrique, nous vous proposons des documents de provenance diverses et qui ne seront pas nécessairement à l’unisson avec notre ligne éditoriale, pourvu qu’ils soient en rapport avec l’actualité ou l’histoire de la Côte d’Ivoire et des Ivoiriens, et aussi que par leur contenu informatif ils soient de nature à faciliter la compréhension des causes, des mécanismes et des enjeux de la « crise ivoirienne ».(le-cercle-victor-biaka-boda)

 



 

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15 février 2012 3 15 /02 /février /2012 09:24

Dans cette interview exclusive, Marthe Amon Ago, secrétaire générale du Congrès national de la résistance pour la démocratie, nous dit ce que cette organisation représente à ses yeux. Une position courageuse et digne, aux antipodes de la posture capitularde d’un Laurent Fologo.

 

Notre Voie : La récente assemblée générale du Cnrd vous a nommée dans les fonctions de Secrétaire générale par intérim. Dans quel état se trouve ce mouvement politique au moment où vous prenez fonction ?

Amon Ago Marthe : La tenue d’un congrès me permettra de mieux apprécier l’état des lieux. Par exemple, par la  présence effective des membres… Sinon, la liste qui m’a été remise fait état de 39 organisations, membres au lieu de 27 lors de la signature de la Charte en 2006. Le Cnrd se porte donc bien au moment où je prends fonction.

 

N.V : Dans quel esprit le Cnrd a-t-il été créé et quels sont ses objectifs ?

A.A.M : Depuis l’attaque de la Côte d’Ivoire en 2002, nous avons tous assisté à un élan patriotique. Le Cnrd s’est voulu une plate-forme de regroupement et d’encadrement de tous ces  mouvements populaires. C’est pourquoi, le Cnrd s’est fixé comme objectifs principaux, la défense des institutions de la République, la sauvegarde de la souveraineté, la promotion de la démocratie, de l’Etat de droit, de la paix, de la restauration de l’image de la Côte d’Ivoire ainsi que de sa vocation traditionnelle de nation ouverte sur le monde (article. 3 de la Charte).

 

N.V : Qui peut donc être membre du Cnrd?

A.A.M : L’article 2 de la Charte dit ceci : « Sont parties à la présente Charte, les organisations politiques et sociales adhérant aux principes des libertés publiques et aux valeurs républicaines. Les parties contractantes affirment leur attachement au respect de la Constitution, notamment en ses dispositions consacrant le mode de dévolution du pouvoir par les élections et se déclarent opposées à tout recours à la force des armes comme moyen d’accession au pouvoir. »

 

N.V : Dans une interview, la semaine dernière, au quotidien gouvernemental Fraternité Matin, Laurent Dona Fologo, vice-président du Cnrd, a déclaré vouloir donner une nouvelle orientation à votre organisation. Il a notamment indiqué vouloir une opposition sans violence, qui respecte ceux qui gouvernent. Comment avez-vous accueilli cette déclaration ?

A.A.M : Permettez-moi de ne pas me prononcer sur les propos de M. Fologo qui est un membre de notre organisation. Au Cnrd, les opinions se partagent en assemblée. Ce n’est pas de manière fortuite que notre groupement porte le nom de Congrès national de la résistance pour la démocratie. En effet, l’appellation Congrès évoque l’idée d’une réunion de personnes qui se rassemblent pour échanger leurs idées ou se communiquer leurs études.

 

N.V : Est-ce à dire que le Cnrd n’a pas changé d’orientation ?

A.A.M : Si c’est par rapport aux propos de M. Fologo que vous me posez cette question, je ne vous répondrai pas. Pour une question de principe et d’éthique de notre organisation.

 

N.V : Depuis le premier congrès qui a fixé les objectifs et orientations du Cnrd, il n’y a donc pas eu un autre congrès pour imprimer une nouvelle orientation ?

A.A.M : A ma connaissance et au regard des documents reçus, non ! Cependant, il importe que vous sachiez qu’au Cnrd, le mot Congrès désigne certes l’organe suprême, mais il tient ses assises de deux manières. Pour le renouvellement des instances, le Congrès se tient tous les trois ans. Par contre, il doit tenir deux sessions ordinaires dans l’année (articles 15 et 17 des Statuts). Il peut également se réunir en session extraordinaire.

 

N.V : Laurent Dona Fologo a également soutenu que le Cnrd doit servir de courroie de transmission entre le pouvoir et l’opposition. Ce qui suppose que le Cnrd n’est pas partie prenante dans le combat pour la défense des institutions. Où se situe donc finalement le Cnrd ?

A.A.M : Je vous réitère ma position, à savoir que je refuse de commenter les propos de M. Fologo qui est l’un des huit vice-présidents du bureau du Cnrd. Cependant, si vous me demandez en tant que Secrétaire générale, où se situe le Cnrd sur l’échiquier politique ivoirien, je peux vous répondre.

 

N.V : Je vous écoute…

A.A.M : Après lecture de la Charte, des Statuts et Règlement Intérieur, mes analyses se résument en ce qui suit : le Cnrd a son essence dans sa dénomination qui n’est certainement pas fortuite : « Résistance pour la Démocratie ». En effet, on parle de résistance lorsque les habitants d’un pays s’opposent à l’action d’un occupant. Quant à la démocratie, c’est l’idée selon laquelle, l’autorité suprême appartient à l’ensemble des citoyens d’un pays. Aussi, le Cnrd est-il le regroupement de toutes les forces patriotiques qui veulent la souveraineté de la Côte d’Ivoire, l’indépendance effective de la Côte d’Ivoire. En d’autres termes, il s’agit de personnes ou d’organisations qui revendiquent la souveraineté de la Côte d’Ivoire au plan international, la liberté et l’égalité des citoyens au plan national. Nous en déduisons que le Cnrd n’est pas La Majorité Présidentielle (Lmp) ; il n’est pas comparable au Rhdp. Il est certes un groupement politique, mais il n’est pas un regroupement de partis politiques uniquement, parce que non prévu pour gouverner comme c’est le cas pour Lmp ou le Rhdp. Le Cnrd est une force de défense des institutions de la République et de promotion de la démocratie par des voies et moyens spécifiques. Concrètement, le Cnrd a été créé pour s’opposer aux forces impérialistes qui menacent la souveraineté de notre pays, la Côte d’Ivoire, et l’empêchent de prendre librement son destin en mains, et à son peuple de choisir son chef et ses représentants. Une fois la souveraineté acquise, il est impératif de la préserver en veillant à une pratique démocratique véritable laquelle suppose un Etat de droit, le respect de la liberté et de l’égalité des citoyens. En conclusion, le Cnrd a un rôle de résistance et de veille. C’est pourquoi, peu importe que ses membres soit à l’opposition ou au pouvoir. Par exemple, le Pdci-Rda peut adhérer au Cnrd aujourd’hui si tant est qu’il est réellement attaché à l’indépendance et à la souveraineté de la Côte d’Ivoire ainsi qu’à la pratique de la démocratie.

 

N.V : En tant que Secrétaire générale nouvellement installée, quel est votre programme d’activités ?

A.A.M : Nous avons déjà élaboré notre programme d’activités, mais nous attendons qu’il soit adopté par le bureau avant de le rendre publique.

 

Interview réalisée par Boga Sivori (Notre Voie14 février 2012) 

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13 février 2012 1 13 /02 /février /2012 21:06

Une analyse de Jean-Luc Mélenchon (17 avril 2011)

 

"Le parti de Laurent Gbagbo était membre de l’internationale socialiste. Quelle contribution a pris l’internationale socialiste au règlement de la crise ? Aucun. Quels ont été les membres de cette illustre organisation qui se sont interposés dans le drame ? Aucun. Pourtant le PS français assure la vice-présidence de cette organisation et Pierre Mauroy en a été le président ! Que dit cette organisation sur la capture de l’un des siens et son emprisonnement dans une zone contrôlée par des mercenaires sanguinaires ? Rien. Quant aux dirigeants français du PS, prompts à faire des visites sur place ? Rien. Combien d’années, le délégué national aux questions africaines a-t-il été aussi un intime de Laurent Gbagbo ? Lui, du moins, a-t-il assumé loyalement jusqu’au bout. Mais les autres ? Et euro RSCG, l’agence de communication de Dominique Strauss-Kahn, organisatrice de la campagne électorale de Laurent Gbagbo. Vont-ils rendre l’argent au nouveau pouvoir pur et sincère de monsieur Ouattara ? Non bien sur ! Sinon il faudrait rendre celui d’Eyadema, celui de Bongo et celui de combien d’autres ? Admettons. Admettons que chacun ait, en cours de route, découvert qu’ils ont soutenu par erreur un odieux tyran. Dans ce cas pourquoi ne demandent-ils pas à l’internationale socialiste une réunion pour prendre la mesure du nombre de ses membres qui viennent de perdre le pouvoir dans la violence ? Pourquoi n’ont-ils jamais demandé leur exclusion avant ? Pourquoi ont-ils gardé toutes leurs responsabilités dans cette organisation ?

 

Ces débats sur la nature et l’orientation de cette organisation m’ont été mille fois refusés, l’air excédé, par un François Hollande, du temps qu’il dirigeait le PS. Il n’y a pas eu une minute de débat quand leur ami De Larua fit tirer sur la foule argentine par ses policiers, ni quand leur ami président du Venezuela social démocrate fit tirer sur celle de Caracas, ni sur leur cher Alan Garcia élu président du Pérou avec l’aide de la droite qui fit massacrer paysans et prisonniers de droit commun. Aucune de mes mises en garde concernant cette organisation, faites de vive voix ou par écrit dans mes livres et articles, n’a jamais reçu un mot de réponse ni soulevé une minute de débat. Ils s’en moquent, ils ne savent pas où c’est, ils ne savent pas de qui il s’agit… On connait la musique. Ils soutiennent n’importe qui, n’importe comment, du moment que l’intéressé a un tampon de l’Internationale Socialiste et paye le voyage. « Nous ne permettons pas aux autres de nous dire ce que nous devons faire, de quel droit irions-nous leur dire ce qu’ils doivent faire eux » m’avait lancé François Hollande. Après quoi ils sont prêts à abandonner leurs amis d’un jour à la mare aux caïmans, quand ça tourne mal.

 

Mais le cas de Laurent Gbagbo ne ressemble à aucun autre. Je prends le risque de me voir affubler par bien des petites cervelles qui liront ces lignes une nouvelle fois de leurs simplifications offensantes. Mais je ne risque, moi, aucune confrontation désagréable avec mes actes. J’ai rencontré Simone Gbagbo du temps où elle était dans l’opposition. Je n’ai jamais été invité sous sa présidence. Je n’ai jamais participé à une conférence sur place, ni été défrayé pour cela, je n’ai pas eu de tâche d’écriture rémunérée par euro RSCG. Gbagbo ne m’a jamais téléphoné, écrit, fait porter des messages ou interpellé. J’étais, pour lui aussi, ce que j’étais pour ses chers amis du PS et de la gauche du PS. Une ombre au tableau. Mais il reste ceci : que ça plaise ou pas : Gbagbo a été la seule tentative de faire de la vraie sociale démocratie en Afrique. Qu’il ait échoué, dérivé ou ce que l’on voudra, mérite mieux que le lâche abandon auquel ont procédé les dirigeants du PS français. Les Ivoiriens méritaient au moins une tentative d’interposition politique. Aujourd’hui, au moins par compassion humaine, par respect pour leur propre passé et leur ancienne amitié, ils devraient se soucier de savoir ce que devient Laurent Gbagbo et sa famille entre les mains des mercenaires givrés d’Alassane Ouattara. Ils ne le feront pas. Ils espèrent juste que ça passe et qu’on ne leur demande aucun compte.

 

Je crois bien que les images de « l’arrestation » de Laurent Gbagbo devraient créer un grand malaise. Leur violence, le style « mercenaire aux yeux rouges » des assaillants, l’ambiance de lynchage des vaincus, les violences faites aux femmes, l’évidente main mise de notre armée sur l’opération, rien ne ressemblait moins à une opération de protection de la population sous mandat de l’ONU. Mais, depuis le début, Laurent Gbagbo est l’homme à abattre pour les concessionnaires français qu’il a menacé dans leurs intérêts un temps même s’il les a bien cajolé ensuite. Cela n’excuse rien, mais cela explique tout. Et d’abord la réécriture de la personnalité d’Alassane Ouattara. En fait, un vrai aventurier repeint en bon père de la démocratie. Soutenu par l’ancien président hier accusé de totalitarisme, Konan Bédié qui l’avait empêché en son temps d’être candidat à l’élection présidentielle, et par le premier ministre de Gbagbo, un soi disant « rebelle du nord », vrai seigneur de la guerre, dont les mercenaires ont été immédiatement maintenus en place et rebaptisés en « force républicaine », le changement de camp valant amnistie pour les crimes qui leur étaient hier reprochés. Alassane Ouattara est un chef de clan et rien de plus. L’argument de sa victoire électorale est une fiction qui pouvait être utile aussi longtemps qu’il pouvait y avoir une perspective d’accord sur ce point entre les parties. Mais il n’y en avait pas.

 

Ne restaient donc en présence qu’une addition de tricheries. Valider les mensonges des bourreurs d’urnes d’Alassane Ouattara revenait à prendre partie dans une guerre civile. Elle dure depuis 2003. La raconter obligerait à un récit qui prendrait trop de place. Aucune page n’y valut mieux que la précédente. Mais aucune ne correspond au récit simpliste de la lutte entre gentil et méchant qui repeint Gbagbo en tyran et Ouattara en démocrate. Car si l’on en a vu beaucoup montrer du doigt ce fait que Gbagbo n’a pas obéi aux injonctions de l’ONU, on dit moins, et même jamais, que Ouattara n’y a pas davantage obéi. Notamment parce que ses mercenaires n’avaient pas désarmé pendant l’élection, contrairement à la demande de l’ONU. Leur influence pédagogique explique sans doute les votes à 90 % en faveur de sa candidature dans les zones qu’ils contrôlaient. On vit clairement le parti pris quand fut refusé le recomptage des suffrages, demandé par Gbagbo et refusé par Ouattara. Pourquoi ? On l’avait bien fait aux USA, faut-il le rappeler ? A la fin il faut se souvenir que le mandat de l’ONU était de "protéger les civils" et d’"empêcher l’utilisation d’armes lourdes" contre eux, pas d’aller arrêter un président sortant en bombardant le palais présidentiel.

 

Mais qui s’en soucie ? « Vae victis », comme dirait Michel Denisot. Malheur aux vaincus ! Je crois que cette opération militaire déclenchée sans le début d’une discussion et ou d’un vote de l’assemblée nationale commence un mauvais style pour la suite de nos relations avec l’Afrique. Il est urgent que notre pays se ressaisisse. En premier lieu que le parlement ne laisse plus s’installer cette habitude qui voit dorénavant tous les artifices d’interprétation et de procédure réunis pour justifier que les parlementaires n’aient jamais leur mot à dire sur les expéditions militaires du pays. On n’a voté à l’Assemblée et au Sénat ni sur l’Afghanistan, ni sur la Libye, ni sur la Cote d’Ivoire ! Ni avant, ni pendant, ni depuis ! Et, bien sûr, c’est nous qui donnons des leçons de démocratie aux autres ! Mais nous, quel genre de démocratie est donc la nôtre entre l’Europe qui nous dicte des lois et des astreintes jamais délibérées et un régime présidentiel qui déclenche des guerres à sa guise et sans mandat ni contrôle du parlement ? Il me semble qu’une commission d’enquête parlementaire sur cette intervention est seule capable de faire la lumière sur l’enchaînement qui a conduit jusqu’à cette intervention militaire française dans la guerre civile ivoirienne."


(Source : Le blog Théophile Kouamouo 02/02/2012)

 

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7 février 2012 2 07 /02 /février /2012 16:08

L'avis de Jean-Luc Mélenchon, candidat du Front de gauche à l’élection présidentielle, sur l'ingérence de Sarkosy dans le contencieux électoral ivoirien. (RMC le 6 février 2012)

 

«La politique qui a été appliquée en Côte d’Ivoire est une politique impériale. La France s’est immiscée dans la discussion rude qu’avaient entre eux les Ivoiriens. Cette discussion à laquelle elle n’aurait jamais dû se mêler. Il fallait respecter de manière extrêmement scrupuleuse l’indépendance des Ivoiriens. Il a été aussitôt organisé contre Laurent Gbagbo une sorte de pression internationale car son régime déplaisait, le Front populaire ivoirien, beaucoup à la droite internationale. Qui depuis des années manipulait leur marionnette, M. Ouattara, qui a précédemment nui au précédent président, et au précédent encore avant. Car c’est un homme qui a été en quelque sorte introduit par les instances internationales, et notamment par les Nord-Américains et les Français depuis de très nombreuses années. Et c’est cet homme [qui] a fomenté toutes sortes de complots, a épousé toutes sortes de rébellions absolument insupportables comme celle qui est venue du Nord du pays où se sont pratiquées les plus grosses fraudes électorales.

 

  

Et la France s’est mêlée de tout cela, est intervenue de manière militaire et elle a fait en quelque sorte que M. Gbagbo soit embastillé. Et il est aujourd’hui traduit devant le Tribunal pénal international alors que son pays n’a pas signé les clauses de ce Tribunal pénal international. Si l’on procède de cette manière, il y a un certain nombre d’Américains qui pourraient être arrêtés et envoyés au même tribunal, on ne le fait pas.

 

  

Maintenant, je vais vous dire une chose. Je plaide pour que l’on relâche le fils de M. Gbagbo, qui est un de nos compatriotes, qui est un Franco-Ivoirien, et qui est retenu sans aucune raison légale. Simplement du fait de son nom et de sa filiation avec son père M. Gbagbo, qui est détenu en prison. J’estime que la France s’honorerait en intervenant pour qu’il soit libéré.

 

  

Merci de m’avoir posé cette question, elle me permet de dire ce que je pense aux Ivoiriens qui se trouvent en France, avec toute mon affection.»

 

  

source : Le Nouveau Courrier 07 février 2012  (Le titre est de la rédaction du c-v-b-b).

 

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1 février 2012 3 01 /02 /février /2012 14:26

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Le cardinal Christian Tumi devant la cathédrale de Douala en 2004.

AFP / I. Sanogo

 

 

On connaissait déjà le franc-parler du cardinal Christian Tumi, l’archevêque émérite de Douala. Mais à 81 ans, le prélat camerounais va encore plus loin. Aux éditions Veritas, il publie Ma foi : un Cameroun à remettre à neuf. Et au micro de Christophe Boisbouvier, il parle sans détour de la situation de son pays, de la Côte d'Ivoire et du Nigéria, et fait quelques confidences sur le dernier conclave de 2005 où a été élu le pape Benoît XVI.

 

RFI : Pourquoi dites vous qu’il faut remettre le Cameroun à neuf ?

 

Cardinal Christian Tumi : Je me suis dis qu'il faut que l’homme soit converti, c'est-à-dire qu’il change son cœur et qu’il se laisse gouverner par ce principe d’éthique humaine : faire toujours le bien, éviter toujours le mal. J’ai essayé de montrer que si tout allait bien spirituellement, beaucoup de choses iront dans notre vie politique.

 

RFI : Le Cameroun peut-il être remis à neuf, sans alternance politique ?

 

CCT : Non, je crois qu’il faut l’alternance politique. Mais je n’ai jamais vu des élections bien organisées.

 

RFI : C'est-à-dire que depuis l’indépendance, vous n’avez jamais vu d’élections libres dans votre pays ?

 

CCT : Non, je n’en ai jamais vu. J’avais deux cartes d’électeurs, je pouvais voter deux fois.

 

RFI : Vous-même, vous aviez deux cartes ?

 

CCT : Oui, moi-même.

 

RFI : Et beaucoup d’autres gens avaient aussi deux cartes ?

 

CCT : Non, une dizaine, une vingtaine de cartes.

 

RFI : Pour une seule personne ?

 

CCT : Ils pouvaient voter vingt fois.

 

RFI : Pourquoi y a-t-il une alternance politique dans beaucoup de pays d’Afrique de l’Ouest et dans très peu de pays d’Afrique centrale ?

 

CCT : Je crois que les anglophones insistent beaucoup plus sur la liberté et l’objectivité des choses et je crois que la France soutient nos leaders. Les Anglais ont beaucoup moins d’influence en Afrique.

 

RFI : Et que pensez-vous du rôle qu’a joué la France en Côte d'Ivoire, l’année dernière ?

 

CCT : Je ne suis pas d’accord avec ce que la France et l’ONU ont fait en Côte d’Ivoire. J’ai posé une question à un évêque là-bas : « Qui a gagné les élections chez vous ? » Il m’a dit, sans hésitation, « c’est Gbagbo ». Maintenant, il est à La Haye. C’est pénible pour l’Afrique à mon avis.

 

RFI : Quand vous avez vu le transfert de Laurent Gbagbo à La Haye, vous n’avez pas du tout apprécié...?

 

CCT : Non, pas du tout. Il fallait qu’il soit jugé dans son pays, pourquoi à La Haye ? Le camp international a déjà pris position contre lui !

 

RFI : Mais l’ONU dit que c’est Alassane Ouattara qui a gagné...

 

CCT : Oui, oui, mais on ne sait pas pourquoi ils disent ça. Il fallait qu’ils laissent les Ivoiriens résoudre leurs problèmes. Je crois que quand l’extérieur intervient, il aggrave les choses en donnant des armes.

 

RFI : Vous avez fait vos études sacerdotales au Nigeria. Comment réagissez-vous aux massacres de plusieurs centaines de chrétiens dans le nord de ce pays ?

 

CCT : C’est un crime contre l’humanité. Le droit fondamental de l’homme, c’est son droit d’adhérer à une religion de son choix. Les musulmans peuvent avoir la liberté de pratiquer leur religion, qu’ils laissent les autres aussi libres de pratiquer leur religion. Ils sont allés tuer les gens en pleine célébration à Noël, c’est intolérable !

 

Les gens croient à tort que les musulmans sont majoritaires au Nord-Cameroun, ce qui est faux. La présence musulmane est importante, mais on oublie qu’il y a quatre diocèses là-bas, au Cameroun du Nord, avec un siège métropolitain à Garoua. On obligeait les gens à devenir musulmans ou bien à changer leur nom chrétien pour avoir la promotion, pour avoir la bourse. Donc j’ai réagi contre cela, et je crois que cela a apaisé un peu les choses.

 

Mais il faut que les musulmans soient tolérants. Je leur ai dit que si un catholique se convertit à l’islam en toute liberté, ça va me faire beaucoup de mal mais je ne peux pas l’obliger à rester catholique. C’est sa liberté qui doit être respectée.

 

RFI : On dit souvent que Boko Haram est une secte isolée. Mais est-ce que son message antichrétien n’est pas en train d’être suivi par de plus en plus de musulmans ?

 

CCT : De plus en plus, à cause de la peur. Car les musulmans qui ne sont pas dans ces sectes-là ont aussi peur, on peut également les attaquer. Les musulmans modérés seront aussi attaqués par les extrémistes.

 

RFI : Et que pensez-vous des réactions au sud où des mosquées sont incendiées ?

 

CCT : Il ne faut pas que les chrétiens fassent la même chose. Il ne faut pas la vengeance. Ce n’est pas parce que l’autre me fait du mal que je dois aussi lui faire du mal. Ce n’est pas chrétien.

 

RFI : Vous êtes cardinal mais vous avez passé le cap des 80 ans, donc vous n’êtes plus électeur au conclave.

 

CCT : Exact.

 

RFI : Est-ce que le prochain pape sera encore européen ou ne faut-il pas qu’il vienne d’un autre continent ?

 

CCT : Cette question de nationalité ne se pose pas. On est en face d’un acte spirituel : quel chrétien peut bien conduire le peuple de Dieu ? C’est la seule question qu’on se pose. Qu’il soit Européen ou Africain, cela ne nous dit rien. Mais [il faut voir, ndlr] qui est compétent en ce moment

 

RFI : Et est-ce qu’il y a des Africains compétents aujourd’hui pour être pape ?

 

CCT : Je crois oui. Mais il faut savoir que dans le dernier conclave, il y avait des noms d'Africains qui sont sortis.

 

RFI : Notamment celui d’un Nigerian ?

 

CCT : Je peux vous dire seulement qu’il y avait des noms d’Africains.

 

RFI : Plusieurs ?

 

CCT : Deux, je crois (rires)

 

RFI : Anglophones ?

 

CCT : Je ne peux pas dire plus !

 

RFI : Ils sont allés loin dans l’élection ?

 

CCT : Pas beaucoup. A vrai dire dans cette élection, dès le début on peut le dire maintenant, c’est Joseph Ratzinger qui était à la tête dès le début.

 

RFI : Dès le premier tour ?

 

CCT : Dès le premier tour.

 

RFI : Mais il y avait deux collègues.

 

CCT : Il y avait deux autres aussi de l’Amérique du Sud qui étaient des voix assez respectables mais l’actuel pape était toujours à la tête.

 

RFI : Mais la prochaine fois ?

 

CCT : La prochaine fois on verra, avec l’aide de l’Esprit Saint.

 

Entretien avec Christophe Boisbouvier - RFI 30 janvier 2012

tags: Alassane Ouattara - Benoît XVI - Cameroun - Côte d'Ivoire - Laurent Gbagbo 

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26 janvier 2012 4 26 /01 /janvier /2012 11:29

Albert Bourgi dénonce un coup d’esbroufe[1]

 

Les préparatifs et le déroulement du voyage officiel de Ouattara à Paris relèvent de la politique spectacle, notamment par la couverture médiatique, bien ordonnée, qui l’entoure. Comment expliquez-vous cela ?

Aujourd’hui, l’argument de la démocratie brandi pour illustrer un soi disant changement de la politique africaine de la France est balayé par le climat de terreur instauré par les milices gouvernementales. On peut dire, à partir de témoignages fiables, que la peur règne sur la ville d’Abidjan et, qu’on soit partisan ou non de Gbagbo, tout le monde est soumis au même régime de violence aveugle imposé par les Forces républicaines de sécurité, les FRCI.

L’image d’une Côte d’Ivoire renouant avec la démocratie qu’on veut faire passer dans l’opinion française et internationale, détonne de plus en plus avec le scrutin législatif tronqué de décembre 2011, où, selon les chiffres officiels, à peine 36% des électeurs inscrits sont allés aux urnes. Que dire aussi de la répression sanglante exercée par les forces de Ouattara lors d’une manifestation publique autorisée, organisée par le parti fondé par Laurent Gbagbo, le Front populaire ivoirien ? Bien entendu, de tout cela la presse française n’en a que très peu rendu compte et le Ministère français des Affaires étrangères, toujours prompt à réagir à toute entorse à la démocratie et à l’exercice des libertés, s’est montré plutôt discret.

Au-delà des considérations proprement politiques qui entourent ce voyage, la communication semble être omniprésente.

Elle est certes omniprésente dans ce voyage, décrit dans ses moindres détails en mettant particulièrement l’accent sur le dîner offert par Sarkozy à l’Elysée et sur les rencontres avec les plus hautes personnalités de l’État français. Mais cette communication, il ne faut jamais l’oublier, renvoie au travail de médiatisation outrancière accompli depuis une vingtaine d’années, pour façonner à coups d’informations souvent surfaites, l’image d’un d’homme d’État, rompu à toutes les arcanes de la finance et de la politique internationales. Autour de Ouattara, entré en politique au début des années 90, par effraction et en service commandé au profit d’intérêts financiers et économiques non nationaux, il y a eu surtout de la communication, voire seulement de la communication. Il s’agissait de «vendre» un personnage étranger jusque là à la scène politique ivoirienne, et dont le charisme et les qualités oratoires ne le prédestinaient pas à emporter les foules. Il faut croire que cela a marché et ce résultat est entretenu, aujourd’hui encore, avec l’aide de certaines agences de communication, bien introduites dans les sphères politiques et médiatiques. A défaut d’avoir convaincu politiquement, et même électoralement, une majorité de ses concitoyens (n’oublions pas son score ric rac sorti des tiroirs des Nations Unies à Abidjan,) il est parvenu à susciter un engouement des médias occidentaux, surtout français. Ce dernier aspect est lié autant à l’image d’un chef d’État dont le parcours politique est compatible avec la sulfureuse galaxie franco-africaine qu’à ses propres orientations idéologiques. Tout chez Ouattara le désigne pour entrer dans le club des chefs d’État d’Afrique francophones, qui, sauf rares exceptions, se comportent le plus souvent comme les supplétifs du Président français, surtout lorsqu’il s’appelle Nicolas Sarkozy. Je suis en train de lire une biographie de Frantz Fanon, parue il y a quelques mois, et je suis frappé par la ressemblance entre Ouattara et le personnage qui transparait du premier ouvrage de Fanon «Peaux noires et masques blancs».

Ce voyage marque le retour forcé de la France en Côte d’Ivoire tant sur le plan économique, financier et monétaire ?

Cela est vrai. Il ne se passe pas de jour sans qu’on nous annonce la signature de contrats avec les entreprises françaises, la mise en œuvre de projets de développement, le détachement d’experts français (le dernier en date est celui d’un conseiller d’État en fin de carrière, soucieux surtout d’améliorer sa pension de retraite), ou la signature d’un nouvel accord militaire.

L’arrivée massive de techniciens français renvoie à la fin des années 70, où les assistants techniques de l’ancienne puissance coloniale peuplaient les administrations ivoiriennes, et surtout détenaient le véritable pouvoir de décision. Un article paru en 1981, dans un ouvrage collectif «la France contre l’Afrique», sous le titre «Faits et méfaits de l’assistance technique française en Côte d’Ivoire», pourrait facilement s’appliquer à la situation actuelle. Sauf qu’aujourd’hui, et malgré le tour de passe-passe électoral qui lui a permis d’arriver au pouvoir, Ouattara ne peut plus gouverner comme le faisait Félix Houphouët-Boigny. Ce dernier, quel que soit son autoritarisme, bénéficiait d’une aura réelle. Or aujourd’hui ce n’est pas le cas, car même si l’on prend en compte les chiffres concoctés par l’Onuci, à peu près un Ivoirien sur deux a voté contre Alassane Ouattara. Ce dernier ne doit pas se méprendre : l’état de grâce dont il croit jouir n’est dû qu’à la présence massive de l’armée française le plus souvent assignée à des tâches de maintien de l’ordre, à l’installation à l’Elysée de son ami Sarkozy, et peut être au traumatisme subi par le peuple ivoirien. Or ces trois conditions ne seront plus remplies dans quelques mois.

 

Propos recueillis par Théophile Kouamouo (Le Nouveau Courrier 26 janvier 2012)

 

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[1] - Le titre et le sous-titre sont de la rédaction du blog.

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23 janvier 2012 1 23 /01 /janvier /2012 10:14

Souffrant du diabète et dans l'impossibilité d'avoir accès aux soins que nécessite son état de sante à cause du gel de ses avoirs, Awa Ehoura que nous avons rencontrée le week-end dernier à son domicile, nous a confié : « Je suis en train de mourir à petit feu ». Mais tout en restant digne dans la maladie, la consœur, aujourd'hui paralysée d'un membre supérieur, a tenu à faire partager ses peines, tout en mettant les points sur les ''i''.

 

 

Avec donc cette situation, comment vous portez-vous, du point de vue santé ?

Pendant un an, du fait que je me sois soignée de façon épisodique, que je ne me sois pas nourrie comme il faut, avec le stress de la guerre et des risques concernant ma sécurité et celle de mes enfants, je commence à vivre les complications du diabète qui est en train de me détruire. J'ai déjà fait une paralysie de mon bras gauche il y a trois semaines, j'ai des douleurs dans les jambes, etc. Je me déplace difficilement. Je ne peux pas sortir pour des raisons de sécurité pour marcher pour faire du sport. Donc, vraiment, je suis en train de mourir à petit feu. Heureusement qu'il y a mon Dieu qui me soutient puisque depuis février, c'est Lui qui a permis à un certain nombre de personnes de venir chaque fois apporter un peu d'argent pour que j'achète des médicaments. J'étais même réduite, il y a un mois, à chercher des génériques partout parce que je n'avais pas suffisamment d'argent pour acheter les médicaments spécifiques du diabète.

 

Vous avez, selon vos proches, menez des démarches auprès des autorités pour le dégel de vos avoirs, mais le porte-parole adjoint du parquet que nous avons joint la semaine dernière se demande si vous avez mené les démarches qu'il faut ?

Il ne faut pas oublier le contexte dans lequel on évoluait. Aujourd'hui, c'est assez aisé, même de parler de ma maladie, raison pour laquelle vous et moi, on se rencontre pour faire une interview. Mais, je vous ramène au mois de mai 2011, juste un mois après que le Président Laurent Gbagbo a été arrêté, aller faire une audition au palais de Justice relevait vraiment d'une audace. Je l'ai fait plus tard parce que dans mon fort intérieur, je n'ai rien à me reprocher et je me suis dis : « Là-bas au moins, on m'expliquera pourquoi mes comptes ont été gelés ». Mais, lorsque je suis allée faire l'audition, on ne m'a rien dit d'autre. Et un jour on m'a dit: « Ok, on transmettra, et on vous appellera »

 

Le substitut du procureur Djè Noël affirme que vous n'avez certainement pas joint un certificat médical à votre demande de dégel de vos avoirs ?

Une audition, ce n'est pas le lieu de dire que vous êtes malade. Et pour moi, je n'ai jamais pensé que le gel de mes avoirs aurait duré un an. Pour moi, cela allait durer le temps qu'on se remette du chaos de la guerre, et puis une fois que les choses allaient commencer à se normaliser on allait regarder dans les dossiers et se rendre compte qu'on a gelé mon compte pour rien, et que je n'étais pas un acteur majeur de cette guerre qui m'a autant touchée comme tous les Ivoiriens. Je n'étais donc pas allée là-bas pour exposer ma petite vie. Je me suis donc dit : « Tu fais l'audition et si on regarde dans le dossier et qu'il n'y a rien, on va remettre ton argent en place ». Alors, plusieurs mois sont passés, chaque fois, je demandais au procureur « de quoi il était question parce qu'on dit qu'il aura une liste de dégel ». Il me répondait toujours que « ton nom n'est pas dessus. Attends la semaine prochaine, attends la semaine prochaine ». Puis, un autre jour, lorsque je l'ai appelé, il m'a dit : « Ah, non, non, non !!! Pare ce que quand on dit le nom des autres, on accepte, mais quand on évoque votre nom, on dit : Ah non non, non!!! Et une fois même, il a été demandé que votre dossier soit transmis à la Primature ». Je ne savais plus où j'en étais, jusqu'à ce que je décide que je n'ai plus personne à appeler. Je regarde le Seigneur Jésus-Christ, le jour où il décidera, ça va se faire. Puisque si le procureur même qui est en train de dégeler les avoirs me dit qu'il ne sait pas pourquoi le mien n'est pas fait, je ne sais pas à qui vous voulez que je me confie. Ensuite, il y a presque trois semaines, on m'a dit d’adresser une requête au procureur. J'ai demandé « une requête, c'est quoi », et on m'a dit de faire une lettre au Procureur. J'ai fait la lettre qui est dans le circuit. Aux dernières nouvelles, elle est en train d'aller au cabinet du ministre de la Justice. Peut être un de ces jours, j'aurai un retour. (…) En somme, rien ne justifie tout cela. Je suis journaliste. J'ai, comme ils le disent, le tort d'être à un endroit au lieu de là où ils souhaiteraient que je sois. Voilà, sinon, je ne vois vraiment pas ce que j'ai fait qui peut faire en sorte qu'on m'en veuille autant. Parce qu'il y a des acteurs majeurs, des politiciens, qui ont pris des positions bien claires et tranchées dans ce pays et dont les comptes ont été dégelés. Moi, je n'ai jamais fait de meeting, je n'ai pas de carte de parti politique, je ne vois pas pourquoi on s'acharne sur moi. On dégèle même les avoirs de certains journalistes, certaines personnes de la communication et moi, je suis encore là. 

 

« Des quatre coins du monde, on m'appelle et ça me fait chaud au cœur. »

 

Vous étiez, dit-on, très liée au président Gbagbo ?

Oui, mais être liée à quelqu'un ne veut pas dire que vous faites des meetings politiques ensemble. Je peux être liée à vous, parce qu'on a des affinités en tant que journalistes, mais lorsque vous allez demain, au meeting du Rdr, je ne suis pas concernée. Voilà, il faut qu'on fasse la part des choses. On ne peut pas me reprocher ce qui est un fait avéré. J'ai été nommée Conseiller spécial de M. Laurent Gbagbo, alors Président de la République. Donc, je ne peux pas renier le fait que je sois proche de lui. Voilà, c'est une querelle qu'on me fait qui n'a pas de sens. Et je ne le renie pas, j'étais proche de lui mais je n'étais pas proche de ses convictions politiques. Je ne fais pas de politique. Devant la nation, je ne peux pas dire que je ne le connais pas et que je ne l'ai jamais connu. Ce n'est pas vrai. On ne peut pas être conseiller de quelqu'un pendant deux ans, le fréquenter, manger à sa table et puis dire qu'on ne le connaît pas. Maintenant, si on me reproche d'avoir accepté la nomination, ça, c'est un autre débat. 

 

Quel bilan faites-vous des actions qui sont menées, tant en Côte d'Ivoire que dans le monde, pour vous venir en aide ?

Aujourd'hui, la réaction est simplement extraordinaire. Les gens sont merveilleux. Ils font beaucoup de dons, des médicaments. Ça fait à peine quelques jours et je suis à peut être quatre à cinq mois de médicaments dont j'ai besoin. Il n'y a pas mal de personnes qui m'ont apporté de l'argent. Il y a également des personnes qui ont donné des cautions dans des pharmacies afin que je puisse me servir en médicaments s'il y a urgence, etc. C'est vraiment merveilleux. Des quatre coins du monde, on m'appelle et ça me fait chaud au cœur. A travers vous donc, je remercie toutes ces personnes, que Dieu les bénisse. Je remercie surtout vous, mes confrères qui ont osé en parler, parce que c'était comme s'il y avait une omerta. Moi, je suis une Ebony et aujourd'hui, je suis traitée comme une criminelle. Pourtant, je suis une des meilleures journalistes de ce pays puisque j'ai été Ebony. Ça aussi, on ne veut pas me le reconnaître. Moi, j'ai des soucis. L'Unjci (Union nationale des journalistes de Côte d'Ivoire : Ndlr) qui est censé me représenter n'a même pas bougé le petit doigt. Même s'enquérir de ma situation, elle ne l'a pas fait. Même pour savoir si j'étais encore en vie parce que cette union était au courant de toutes les menaces qui planaient sur ma vie. Le président de l'Unjci était même à la présentation des vœux au président de la République. J'avoue, franchement, que j'avais espéré secrètement que le Président de l'Unjci allait poser la question concernant mon cas au chef de l’État. Et je suis sûr que le président de la République espérait, lui aussi, cette question. Elle n'est jamais venue. Mais ce n'est pas grave, parce que l'opinion internationale le sait. Quand Reporters sans frontière prend position pour moi et demande qu'on lève le gel de mes avoirs, et m'apporte une aide financière, c'est une grande satisfaction. Lorsque j'étais en activité et que je lisais les dépêches, j'avoue que je disais, parlant de Reporters sans frontières, « mais ces gars-là sont tout le temps, en train de se mêler de ce qui ne les regarde pas ». Mais aujourd'hui, c'est Reporters sans frontières qui prend position pour moi. Je me repens donc de tout ce que je disais et je reconnais que leur combat est noble parce que quand les miens m'ont abandonnée, c'est eux qui ont reconnu que j'étais en train de souffrir. Merci aussi à vous sur place, vous qui avez écrit des articles, vous qui vous êtes déplacés pour venir chez moi. Mais surtout, la section ivoirienne du Cipj (Comité international pour la protection des journalistes) et son secrétaire général Stéphane Goué, qui ont dit : « On vient te voir parce qu'après Hermann Aboa, il faut qu'on s'occupe de toi », et cela m'a fait chaud au cœur. C'est ensemble qu'on a mené cette opération. J'ai d'ailleurs demandé à Stéphane Goué et au Cipj de coordonner toutes les actions en ma faveur. Je veux également remercier des personnes qui vont se reconnaître que je n'ai pas envie de citer, qui ont lancé cette affaire sur Facebook. Notamment une amie qui est au Kenya qui a mobilisé tout son réseau d'amis. C'est vraiment formidable. C'est une grande famille qui s'est développée autour de moi. Je crois que c'est Dieu qui est en train de se manifester. Mais, je répète encore, in fine, ce que nous souhaitons, c'est que les autorités dégèlent mes avoirs. C'est ça le but de l'opération. Ce n'est pas de la mendicité, il ne s'agit pas de demander de l'aumône mais c'est juste qu'on me donne ce à quoi j'ai droit pour mener une vie normale avec mes enfants. Je suis diabétique depuis 1998 et donc s'il n'y avait pas une telle situation, personne n'aurait su que je suis diabétique parce que je n'aurais pas demandé de l'aide. J'ai mon salaire, je paye mes médicaments et je vie avec la maladie depuis longtemps. Mais c'est parce qu'on a gelé mes avoirs et que je n'ai pas d'argent que les problèmes ont commencé. Voilà le but de l'opération. Mais surtout, et j'insiste, je souhaiterais que, dans cette chaîne de solidarité, il n'y ait pas de récupération politique. Je suis en train de payer pour ce que je n'ai pas fait. Donc, je ne peux pas être plus royaliste que le roi, je ne veux pas d'aide politique. L'aide sociale, la compassion n'a pas de couleur politique. Donc, je ne veux pas d'aide d'une organisation qui a une connotation politique. Je ne cite aucun nom mais que celui qui a des oreilles entende. Qu'on laisse les âmes généreuses s'exprimer, venir en aide à leur sœur, à leur fille, en entendant que les autorités dégèlent mon compte car j'ai foi qu'elles font le faire. C'est cela le vrai combat. 

 

Interview exclusive d’Awa Ehoura. Propos recueillis par Claude Dassé - Soir Info 23 janvier 2012  

 

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21 janvier 2012 6 21 /01 /janvier /2012 11:57

Le Collectif des Etudiants pour la Réouverture immédiate des Universités Publiques de Côte d’Ivoire (CERUPCI) que je représente dans ce communiqué est très préoccupé par la fermeture des universités publiques de Côte d’Ivoire, notamment l’université de Cocody, l’université d’Abobo-Adjamé, les URS de Korohogo et de Daloa.

En effet, depuis le mois d’avril 2011, au sortir de la grave crise postélectorale qu’a connue notre pays, les universités publiques d’Abidjan ainsi que celles de Korohogo et Daloa ont été fermées par les autorités gouvernementales ivoiriennes. La réouverture de ces établissements avait été annoncée pour le mois d’octobre 2011. Malheureusement, le Président de la République lors d’une visite officielle au Togo, en novembre 2011, a dans son discours, fait mention du report de cette réouverture en octobre 2012. Cette fermeture prolongée des universités publiques constitue pour nous, une grave atteinte à notre droit à l’éducation.

Les quelques mois de fermeture initialement annoncés se sont donc prolongés et nous n’avons aucune certitude d’ailleurs sur la date d’octobre 2012. Ce délai permet, selon les autorités, de restaurer les locaux et de lutter contre les réseaux estudiantins qui se sont avérés préjudiciables à la sécurité et à l’équité au sein de l’université. Or, nous évaluons à 2% le nombre d’étudiants sensés appartenir à la FESCI, syndicat qu’accuse l’actuel pouvoir, à juste titre, d’avoir fait régner l’insécurité sur les campus universitaires. Sachant que le problème ne peut être traité dans des locaux vides, il faut d’évidence que l’université rouvre pour gérer la situation de violence et la circonscrire si le besoin s’en faisait sentir. Nous demandons instamment au gouvernement de ré-analyser cette situation.

Notons que la connaissance est la base de tout projet professionnel et, au-delà, elle est le fondement de la démocratie. Or, les années blanches successives sont préjudiciables aux étudiants qui se retrouvent désœuvrés, dans l’incertitude et le stress de l’attente.

Notons que cette fermeture des universités publiques handicape vivement les étudiants dont les parents n’ont pas les capacités financières nécessaires pour les inscrire dans des universités privées. Situation d’autant plus gênante que depuis 2009 les années blanches s’enchaînent. On se retrouverait ainsi à la rentrée 2012-2013 avec quatre promotions de bacheliers et des centaines de doctorants en attente de soutenance. Ces derniers sont d’ailleurs particulièrement contrariés par cette décision qui ne leur offre aucune alternative. Les bourses des doctorants qui sont supposés assurer la relève de l’enseignement universitaire en Côte-d’Ivoire ont été suspendues par une décision unilatérale du ministre de l’Enseignement supérieur qui considère qu’il ne s’agit pas d’une priorité. Les bacheliers de l’année scolaire 2009-2010 qui ont été orientés au titre de l’année universitaire 2010-2011 accumuleront deux années d’interruption d’études injustifiées. Notons que plus de 60% de la population ivoirienne vit dans l’extrême pauvreté ce qui explique le besoin crucial de pouvoir s’appuyer sur l’enseignement public.

Cette période de vacuité freine l’avenir de la jeunesse et par voie de conséquence celui du pays qui a véritablement besoin d’une jeunesse bien formée et efficiente pour relever les défis du développement. Or, le développement d’une nation vient de la valorisation de ses ressources humaines. Tous les Etats qui progressent, se soucient de l’avenir social et du développement, font de l’éducation une priorité. Cependant, depuis les années 80 notre système éducatif connaît une tournure de détérioration. Cette crise constante au fil des temps prend une allure étouffante puisqu’elle débouche aujourd’hui sur la fermeture des universités publiques de Côte d’Ivoire alors que nous attendions des solutions et au contraire des nouvelles universités dans le pays. Cette décision, nous le répétons, est inadmissible par nous, les étudiants de Côte-d’Ivoire et notamment par le collectif au sein duquel nous sommes réunis qui représente l’ensemble des étudiants. Nous sommes indignés.

Nous invitons massivement les étudiants de Côte d’Ivoire concernés, les parents d’élèves et tous ceux qui sont sensibles à notre cause, notamment toutes les associations défendant les droits de l’Homme et l’éducation dans le monde, à soutenir notre action en participant à la signature de pétition en ligne à l’adresse suivante : http://campuslibre.wordpress.com

Nous demandons, entre autres, au gouvernement de prendre les mesures nécessaires pour accélérer les travaux à l’université pour la restauration des bâtiments de cours, plutôt que de privilégier la construction des murs d’enceinte qui pourraient être construits ultérieurement. Les cours pourraient reprendre durant la finalisation de cette phase des travaux. On peut imaginer, comme cela a été fait dans d’autres pays, la mise en place de grandes bâches en lieu et place des salles de cours dans l’attente de la finalisation des travaux. Quand il y a la volonté on avance et on trouve les solutions.

Nous demandons au gouvernement de régler les arriérés de salaire des professeurs en veillant à ce que l’ensemble des professeurs soient rémunérés pour éviter un mouvement de grève à la reprise des cours. Grève qui serait encore très préjudiciable aux étudiants.

Toutes nos propositions sont sur le texte court de la pétition mise en ligne.

Fait à Abidjan, le 19 janvier 2012.

Aleoussene Gbane (Contact : +225/02 65 11 43)

Communique de presse du Collectif des Etudiants pour la Réouverture immédiate des Universités Publiques de Côte d’Ivoire (CERUPCI).

Source : Connectionivoirienne.net 21 janvier 2012. 

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17 janvier 2012 2 17 /01 /janvier /2012 21:22

La vérité aura mis près de dix-huit ans à surgir, mais elle a une très grande portée historique et diplomatique. Car cette fois, elle n'est pas d'ordre politique mais scientifique : l'expertise menée à Kigali par le juge français Marc Trévidic établit que les tirs qui, le 6 avril 1994, ont abattu le Falcon 50 du président rwandais Juvénal Habyarimana sont partis du camp militaire de Kanombé, tenu par l'armée officielle, censée protéger le chef de l'Etat.

L'enquête établit donc que ce sont les extrémistes hutu qui ont assassiné le président Habyarimana parce qu'il venait d'accepter un partage du pouvoir avec les Tutsi. Et non par des combattants tutsi proches de l'actuel président Paul Kagamé, en guerre contre le régime Habyarimana, comme le juge Jean-Louis Bruguière, prédécesseur de M. Trévidic, l'avait affirmé en 2006 sans jamais avoir enquêté sur le terrain. A l'époque, ses conclusions avaient conduit le Rwanda à rompre ses relations diplomatiques avec la France.

Or cette vérité n'est pas seulement balistique : elle révèle une réalité historique qui établit le mécanisme terrible qui, cent jours durant, a conduit à la mort 800.000 Rwandais, essentiellement tutsi, mais aussi hutu modérés.

Elle montre que l'attentat contre l'avion présidentiel, qui fut le point de départ mais non la cause d'un génocide préparé de longue date, s'inscrit dans une stratégie de la terreur de la part des extrémistes hutu. Il s'agissait de provoquer une situation de chaos propice à la perpétration du massacre planifié et systématique des Tutsi et des opposants hutu. De fait, les tueries ont démarré immédiatement après le crash.

L'expertise judiciaire anéantit ainsi la thèse défendue notamment par le juge Bruguière et le journaliste Pierre Péan[1], selon laquelle les soldats rebelles tutsi venus d'Ouganda et conduits par Paul Kagamé auraient, pour s'emparer du pouvoir, provoqué sciemment le génocide de leur propre peuple, les Tutsi de l'intérieur. L'enquête biaisée du juge Bruguière a failli aboutir non seulement à un terrifiant fiasco judiciaire, mais à une conclusion négationniste : le génocide des Tutsi aurait été organisé… par ceux-là mêmes qui allaient en être les victimes.

Parce qu'elle dérange beaucoup de monde, cette vérité a mis longtemps à être établie. Elle ne gêne pas tellement la France de Nicolas Sarkozy, qui a renoué avec le régime de Paul Kagamé et qui, à Kigali, a reconnu les "graves erreurs d'appréciation" de Paris. Mais plutôt la France de la cohabitation Mitterrand-Balladur, qui a soutenu jusqu'au bout le régime Habyarimana, et celle d'une armée tricolore qui, longtemps, a approvisionné et entraîné les militaires rwandais, dont certains allaient participer au génocide.

S'il a lieu un jour, le procès aux assises du crash de 1994 ne devra pas évacuer ces responsabilités. La vérité sur le génocide rwandais doit continuer à être recherchée indépendamment de la très inquiétante dérive autoritaire de l'actuel régime de Paul Kagamé. Car, avec le génocide, il s'agit d'une tragédie historique.

Source : Le Monde.fr 11.01.12 (Mis à jour le 12.01.12)

 

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[1] - Auxquels il faut malheureusement joindre le Franco-Camerounais Charles Onana, qui, avant de prendre en marche le train de la défense de Laurent Gbagbo à travers son livre "Côte d'Ivoire. Le coup d'Etat", était surtout connu comme un défenseur des génocidaires rwandais. (Note de M. Amondji).

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14 janvier 2012 6 14 /01 /janvier /2012 20:45

Avec ce refus, le pays d’Abdoulaye Wade risque de perdre 50 millions de dollars d’aide américaine.[1]

 

La justice du Sénégal a rejeté le mercredi 11 janvier pour vice de forme, la demande d'extradition en Belgique de l'ancien chef d'Etat tchadien Hissène Habré, poursuivi pour crimes contre l'humanité et réfugié à Dakar depuis sa chute en 1990, a confirmé le ministère de la Justice. La Chambre d'accusation de la Cour d'appel de Dakar a rejeté la demande d'extradition de Hissène Habré en Belgique. Elle a estimé que la demande de la Belgique n'est pas conforme aux dispositions légales sénégalaises a affirmé un haut responsable du ministère. La Belgique n'a pas respecté la procédure, a-t-il indiqué sans plus de précision.

Un autre juge de la Cour d'appel de Dakar, a estimé qu'il y a vice de forme dans la demande formulée par la Belgique, sans non plus préciser lequel. Reed Brody, avocat membre de Human Rights Watch (HRW) et à la pointe des démarches pour faire juger Hissène Habré, a estimé que ce n'est pas un refus d'extradition en tant que tel. La justice sénégalaise a dit que les Belges n'avaient pas fourni l'original du mandat d'arrêt et d'autres documents. C'est un jugement purement technique qui laisse la porte ouverte à une nouvelle demande d'extradition belge, a affirmé M. Brody. Ce n'est pas un jugement définitif sur le bien-fondé de la demande, selon lui.

Avec cette situation, le Sénégal risque de perdre 50 millions de dollars d'aide des Etats-Unis en raison de son incapacité à juger ou extrader l'ex-chef d'Etat tchadien, Hissène Habré, a affirmé une ONG ouest-africaine. Plus de 25 milliards de francs CFA (50 millions de dollars) d'aide américaine du Sénégal risquent d'être totalement compromis par l'incapacité du Sénégal à juger ou extrader Hissène Habré conformément à ses obligations internationales, affirme cette ONG basée à Dakar, la Rencontre africaine pour la défense des droits de l'homme (Raddho), dans un communiqué. Selon cette ONG, le Congrès américain avait décidé en décembre d'octroyer cette aide au Sénégal, mais des congressistes sont préoccupés par le fait que M. Habré n'a toujours pas été extradé pour être jugé pour crimes contre l'humanité. Ils ont demandé à la Secrétaire d'Etat américaine, Hillary Clinton, de soumettre avant le 6 février un rapport au Congrès sur les dispositions prises par le gouvernement sénégalais en faveur de la traduction de Hissène Habré en justice, selon la même source. La Raddho regrette qu'une aide aussi utile pour le Sénégal soit compromise à cause du manque de volonté des autorités sénégalaises de faire avancer le dossier Habré. Elle demande à Dakar de respecter ses obligations internationales en extradant Hissène Habré en Belgique dans les meilleurs délais.

Le 8 juillet, le gouvernement sénégalais avait annoncé qu'il allait expulser M. Habré au Tchad où il a été condamné à mort par contumace avant de revenir 48 heures plus tard sur sa décision, à la demande de l'ONU. Abdoulaye Wade a affirmé que le Sénégal n'avait pas refusé de juger Habré, mais ne disposait pas de juridiction ad hoc pour le faire et avait donc renoncé à tenir un procès à Dakar. La Belgique a lancé en septembre 2005 un mandat d'arrêt international contre Hissène Habré pour violations graves du droit humanitaire international et fait une demande d'extradition. Cette procédure se base sur une plainte déposée en 2000 par un Belge d'origine tchadienne, en vertu d'une loi belge dite de compétence universelle pour les crimes de droit international qui autorise les tribunaux à se saisir d'un tel dossier dès lors qu'un ou des citoyens de nationalité belge sont concernés ou que l'auteur présumé se trouve sur le territoire belge. Hissène Habré avait été renversé par l'actuel président tchadien Idriss Deby Itno qui, après avoir été un de ses proches était entré en rébellion avant de provoquer sa chute.

 

Par Ariane Nkoma (source : Tchadonline.com 12/01/2012)

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[1]- Combien le pouvoir ouattariste a-t-il perçu pour avoir livré Laurent Gbagbo à la Cour pénale internationale ?

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